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Июнь
2023

On vous raconte l’histoire de la scène musicale de Bristol

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Body Heat; Conscious Club, Trinity Centre, July 1994, Deep House night. Commission for Venue magazine Club feature.
Si Bristol compte autant sur la carte musicale britannique, c’est que son bouillonnement artistique ne date pas d’hier. De Massive Attack à Idles, du reggae au grime, cette ville métissée à l’esprit contestataire est un vrai creuset.
Body Heat; Conscious Club, Trinity Centre, July 1994, Deep House night. Commission for Venue magazine Club feature.

Brook Road, Bristol. Au cœur du quartier escarpé de Montpelier, des dizaines de souvenirs hantent les murs du pub The Star & Garter : les platines du Wild Bunch (le collectif qui allait devenir Massive Attack), un portrait de Tricky, un autre de Smith & Mighty. Si l’endroit a des allures de musée endormi, la scène de Bristol, elle, n’a jamais cessé de vibrer. En 2019, Roni Size célébrait la réouverture du lieu, fermé depuis la mort de son propriétaire en 2017.

Petit, il venait se cacher sous le bar pendant que sa tante servait du rhum en écoutant les brèves de comptoir. C’était l’époque des vies électriques et des soirs sans sommeil. Des nuits bercées de soul et de reggae durant lesquelles Roni regardait les gens fumer jusqu’au matin, les yeux brillants et les cerveaux brumeux.

George Clinton et les Clash

À l’adolescence, il s’est mis à fréquenter les house parties du Wild Bunch. Fasciné par l’audace de ces lads qui n’hésitaient pas à marier le funk de George Clinton au punk des Clash, il a appris à mixer au sein de Maisons des jeunes. En 1991, Roni Size, âgé de 21 ans, se rend au festival de Glastonbury, situé à une trentaine de kilomètres de Bristol. Il y rencontre Krust.

À l’époque, ce DJ connaît un petit succès avec le groupe Fresh Four et le titre Wishing on a Star. Tous deux forment le collectif Reprazent et remportent, en 1997, le prestigieux Mercury Music Prize pour New Forms, au nez et à la barbe de Prodigy et des Spice Girls. L’album regorge de bribes soul, funk, rap et drum’n’bass. Vu de France, le genre, mélange du rythme cassé jamaïcain et de nappes électroniques, reste une curiosité. Au sein de la cité portuaire, il n’a plus à faire ses preuves : à Bristol, les basses reggae fissurent le bitume depuis plusieurs années.

La ville natale de “Wallace et Gromit”

Située au cœur des collines du sud-ouest de l’Angleterre, Bristol a été fondée au XIe siècle. Connue pour son architecture victorienne, ses quartiers branchés et son street art, la ville a vu naître l’acteur Cary Grant ainsi que les artistes Damien Hirst et Banksy. Son industrie culturelle est reconnue dans le monde entier grâce, entre autres, au studio d’animation Aardman, créateur de Wallace et Gromit. Avec moins de 500 000 habitant·es, la ville a permis à des gens très différents de travailler ensemble.

Au début des années 1980, le Dug Out était l’un de ces lieux hybrides où se rencontraient diverses personnes venues là pour tromper l’ennui. Dans cet endroit au plafond bas, les DJ se sont emparé·es des platines et les MC, des micros, entraînant ainsi la formation de collectifs.

Le terme trip-hop a été rejeté par les artistes, comme Tricky, qui entendaient exister en dehors des chapelles

Le plus connu, The Wild Bunch, rassemblait des musiciens et des graffiti artists, qui, postés devant un mur d’enceintes et de platines, partageaient des raretés trouvées chez les disquaires. Parmi eux : 3D, Daddy G et Mushroom – qui fondèrent quelques années plus tard Massive Attack –, le producteur Nellee Hooper et Tricky. En 1991, leur premier album Blue Lines contribuait à placer Bristol sur la carte musicale du Royaume-Uni, aux côtés de Londres, Manchester, Liverpool ou Sheffield.

Robert “3D” Del Naja (deux ans avant Massive Attack) à St Pauls, Bristol, en 1986 © Beezer

À sa sortie, le succès fut mondial. Le disque mêlait tant de genres qu’il en fondait un nouveau : le trip-hop. Si le terme a été rejeté par les artistes, comme Tricky, qui entendaient exister en dehors des chapelles, il s’agissait de mettre un mot sur le courant qui agitait les années 1990 en associant toutes les musiques, du reggae au funk, du dub au punk. Surtout, le mouvement a mis un coup de projecteur sur l’extraordinaire foisonnement artistique qui agitait depuis des années la ville. Une identité qui doit beaucoup à l’histoire de la ville.

La capitale britannique de la traite d’esclaves

Jusqu’au XIXe siècle, le port de Bristol a été la capitale britannique de la traite d’esclaves. Du théâtre royal, le Bristol Old Vic, construit avec les bénéfices du commerce triangulaire, jusqu’aux demeures à l’architecture georgienne du quartier de Clifton, une grande partie de la gloire actuelle de la ville repose sur son passé sanglant. En 1807, lorsque la Grande-Bretagne abolit l’esclavage, plus de 60 % de son économie dépend de la traite négrière.

Un homme, Edward Colston, incarne cette histoire trouble. Il aurait vendu
100 000 personnes dans les Caraïbes et aux Amériques, avant d’utiliser son argent pour soutenir le développement de la ville. Il fut longtemps considéré comme un philanthrope, avant que sa statue ne soit déboulonnée et jetée à l’eau en juin 2020, pour être remplacée par celle de Jen Reid, une manifestante de Black Lives Matter.

Il y a trois siècles déjà, des membres dissidents de l’Église anglicane sont les premiers à militer pour l’abolition de l’esclavage

À Bristol, une partie de la population s’est toujours illustrée par sa capacité de rébellion face à l’injustice sociale. Il y a trois siècles déjà, des membres dissidents de l’Église anglicane sont les premiers à militer pour l’abolition de l’esclavage en fondant l’association Religious Society of Friends.

Dès 1780, sous l’égide de l’abolitionniste Thomas Clarkson, ils mènent des enquêtes sur la violence, les conditions de transport et les sévices subis par les esclaves durant les voyages en bateau. Des artistes, comme la poétesse Ann Yearsley, produisent des pamphlets relayés par la presse exhortant à abroger l’esclavagisme.

Des hommes et femmes venu·es des Caraïbes affluent

Près de deux siècles plus tard, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Royaume-Uni, s’il fait partie des vainqueurs, n’en sort pourtant pas indemne. Les pertes sont considérables : plus de 450 000 hommes sont morts au combat, tandis que les bombardements des forces de l’Axe ont détruit de nombreuses villes et infrastructures. Comme le manque de main-d’œuvre est massif, le gouvernement lance un appel à participer à l’effort de reconstruction.

Des hommes et femmes venu·es des Caraïbes affluent, les mariages mixtes se répandent, les cultures antillaise et britannique se mêlent. Cette population immigrée constitue ce que l’on nomme aujourd’hui la “génération Windrush”, référence au navire Empire Windrush, arrivé le 22 juin 1948 au port de Tilbury, près de Londres.

À son bord, 492 immigré·es originaires de la Jamaïque et de Trinidad-et-Tobago qui avaient embarqué après l’adoption du British Nationality Act, conférant la nationalité britannique à l’ensemble des citoyen·nes de l’empire. Entre 1948 et 1973, quelque 550 000 habitant·es des Antilles britanniques arrivent en Grande-Bretagne.

Le sound system, haut-parleur des sans-voix

Installé·es aujourd’hui dans les districts comme St Pauls, les immigré·es antillais·es ont importé la culture des sound systems. Très vite, le reggae est devenu la musique des rues. À Bristol, des lieux comme le Trinity Centre et le Malcolm X Community Centre – toujours en activité – se sont alliés dans un même élan communautaire et ont ouvert leurs portes à d’autres sound systems, comme Jah Lokko, Enterprise Imperial Hi Fi, Sir Bastian et Froggy’s Excalibur.

Durant cette période, la question de l’immigration agitait plus que jamais les débats politiques, puisque le gouvernement adoptait une série de lois visant à réduire les flux migratoires, dont l’Immigration Act, voté en 1971 et entré en vigueur deux ans plus tard.

Wild Bunch vs. Newtrament lors d’une “Red House Jam” dans le quartier de St Pauls, à Bristol, en 1985 © Beezer

Les citoyen·nes des États du Commonwealth arrivé·es sur le sol britannique avant cette date obtenaient le droit de rester. Les autres ne pouvaient s’installer au Royaume-Uni que sous réserve d’avoir un permis de travail et la preuve que l’un·e de leurs parents ou grands-parents était né·e dans le pays.

“Dans les années 1970, Bristol était une ville divisée par quartier, par classe. Les gens n’aiment pas en parler, pourtant c’était le cas”, rappelle, dans Huck Magazine, Richard King, spécialiste de musique britannique qui a travaillé chez Revolver, le disquaire mythique de la ville. À un moment où Bristol connaissait la discrimination, mais aussi la récession comme le reste du royaume, la musique était l’instrument privilégié de la contestation, et le sound system, le haut-parleur des sans-voix.

Une ébullition artistique unique, empreinte d’un esprit militant

Machine à diffuser du son, cette table de mixage à deux platines possède aussi une dimension sociale grâce aux interventions de chanteur·ses, les toasters, déclamant des textes revendicatifs à la manière des animateur·rices radio.

Par leur volonté de rassembler, leur créativité jamais rassasiée et leur influence opérée sur tous les versants de la société, les sound systems ont marqué Bristol de leur empreinte en faisant rayonner l’héritage musical des Caraïbes au-delà des cercles antillais, comme l’illustre le carnaval de St Pauls, créé il y a plus de cinquante ans. Chaque premier week-end de juillet, une cohorte de sound systems, de chars colorés et de danseur·ses aux costumes flamboyants envahissent les rues du nord, de l’est et du sud-est de la ville.

Consciente de son héritage trouble, Bristol a généré une ébullition artistique unique, empreinte d’un esprit militant et de défiance face au pouvoir. Les enfants issu·es de la deuxième génération d’immigré·es, comme les membres de Massive Attack, ont grandi aux confins de cette impulsion rebelle et de ce multiculturalisme, mélangeant encore et encore toutes les musiques. Mais avant le Wild Bunch, d’autres musicien·nes ont ébauché les lignes de cette musique sous influence dub, comme The Pop Group, la formation la plus weirdo du postpunk.

The Pop Group, formation fondatrice

Né en 1960, Mark Stewart grandit dans le quartier de St Pauls, sous les vibrations des sound systems. En 1977, il fonde The Pop Group avec John Waddington, Gareth Sager, Simon Underwood et Bruce Smith. Ensemble, ils souhaitent pousser à son paroxysme l’idéal punk, le faire vriller à coups de basses lourdes, de beats barrés et de collages bizarroïdes.

“On ne voulait pas faire du punk, parce que le punk avait déjà deux ou trois mois. On se disait que ce ne serait pas punk de faire quelque chose qui avait déjà eu lieu. Si tu contestes la politique ou la société, il faut défier le contexte même de musique, alors on a mis du free jazz, du funk, de la musique concrète et beaucoup de noise expérimentale”, explique-t-il dans l’émission Tracks, en 2017.

Dès 1979, le groupe propose une musique punk-dub teintée de fortes revendications sociales, avant d’imploser en vol deux ans plus tard après deux albums, une compilation et quelques singles, dont We Are All Prostitutes. Pionnier de la musique contemporaine malgré sa courte carrière, The Pop Group est le premier groupe originaire de Bristol à s’imposer à Londres, offrant un coup de projecteur sur la scène musicale locale.

Alors que Mark Stewart vient de disparaître, le 21 avril dernier, que reste-t-il aujourd’hui de cet héritage musical ? Il suffit de s’aventurer dans le nord de la ville, au cœur des quartiers de St Pauls et St Andrews, avec ses disquaires, ses friperies, ses murs pris d’assaut par les street artists, pour sentir le bouillonnement de ce fleuron de l’indépendance. Les douze membres du collectif Young Echo, créé en 2013, inscrivent leur empreinte dans l’héritage du Wild Bunch.

Le renouveau Idles

Ensemble, ils et elles fusionnent techno, dubstep, dancehall, quand d’autres, comme Idles, ressuscitent l’esprit du Pop Group avec une musique punk, radicale, remontée à bloc. En 2018, son chanteur, Joe Talbot confiait aux Inrockuptibles : “Le trip-hop est un héritage important que tout le monde appréhende avec respect, car c’est une forme de culture qui agrège d’autres contre-cultures. Les raves, les free parties, ça vient des sound systems ramenés ici pendant la deuxième vague d’immigration de la ville. Je pense que si Idles a du succès, c’est parce qu’on a su embrasser cet état d’esprit, qui est la marque de fabrique du coin.

Idles s’impose désormais comme la voix d’une certaine jeunesse en pleine tourmente post-Brexit. Une colère qui trouve un écho dans le grime, ce cousin du rap né au début des années 2000. Le genre domine les rues de Bristol. L’un de ses cadors se nomme Jay 0117. En 2018, il sortait Bristol City, un titre inventif, comme un air de retour aux sources : “Don’t ask where I’m from/I’m from Bristol City/Man are from Bris like Aggi is/Bris like Roni is Bristol, just like Tricky.”





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