Les Jeunes agriculteurs creusois s'en prennent à la permanence de la députée Nupes
Ce n’est pas leur première visite on peut parier que ce n’est pas la dernière. Mercredi soir, à Guéret, les militants du syndicat des Jeunes agriculteurs de la Creuse ont débarqué, affiches sous le bras et seau de colle à la main, pour "redécorer" la permanence de Catherine Couturier.Les agriculteurs devant la permanence de madame la députée Catherine Couturier, le 15 / 06 /2023 photo Bruno Barlier MERCOSUR / AGRICULTURE / MANIF
Des affichettes et une vache taguée sur les vitrines pour dénoncer la position de la députée de la Creuse lors du débat sur le Mercosur à l’Assemblée nationale, mardi dernier.
On imagine pourtant mal la parlementaire Nupes être favorable à un accord de libre-échange avec l’Amérique du Sud, ce qui est le fond de l’affaire du Mercosur. Et pas plus les JA23 qui dénoncent depuis des années le risque de voir débarquer les bœufs argentins ou brésiliens gavés de soja OGM et farci d’antibiotiques.
Alors… S’ils sont d’accord, pourquoi cette brouille ? Dans un communiqué, la députée explique que si elle a voté la résolution qui rejette tout accord Union européenne/Mercosur c’est que ce texte visait "à conditionner tout accord au respect de l’Accord de Paris et des normes sanitaires et environnementales de l’Union européenne."Les agriculteurs devant la permanence de madame la députée Catherine Couturier, le 15 / 06 /2023 photo Bruno Barlier MERCOSUR / AGRICULTURE / MANIF
Ce qui impliquait, donc, d’accepter de fait qu’il y ait un accord futur. "Ce à quoi je ne peux pas me résoudre".
"Elle n’a pas compris son rôle de parlementaire et de représentante d’un territoire agricole. On préfère un demi-succès que pas de succès du tout, ce texte prévoyait que chaque parlement national, soit appelé à délibérer sur le Mercosur. Soit la possibilité de poser des conditions pour intégrer les mêmes normes aux produits importés de là-bas que celles qu’on doit respecter ici".
Et de craindre que l’accord finisse par passer sans ces conditions.
Côté députée, elle estime que "manifestement les JA23, la FDSEA23, et la CR23 (qui protestent aussi contre son vote, N.D.L.R.) n’ont rien compris au sens de cette résolution et à la défense du modèle agricole Creusois."
"L’accord UE-Mercosur permettrait de favoriser l’import de bœuf et de volaille nourris aux OGM. D’autant plus que le vote de cette résolution, même avec une plus forte conditionnalité, ne fera que renforcer l’idée même qu’il faut un accord de libre-échange".
Côté JA, ce choix de Catherine Couturier est celui d’une : "anti-tout », assène Fabien Périgaud, président des JA 23. "Elle ne connaît pas le monde agricole. Elle fuit ses événements et assène des propos qu’elle ne maîtrise pas".Députée Catherine couturier France insoumise nupes creuse guéret manif école
Mésestime réciproque : dans un second communiqué, Catherine Couturier s’en prend à Fabien Périgaud qui empêcherait "l’installation d’un jeune agriculteur sur le territoire d’Arfeuille-Châtain (voisin de l’exploitation du président des JA, N.D.L.R.) pour agrandir sa propre exploitation. Cette attitude est indigne d’un président d’un syndicat dont l’objectif est de défendre l’installation de jeunes agriculteurs en Creuse. Fabien Périgaud profite entièrement de son statut à des fins purement personnelles".
On interroge l’intéressé : "Oui, je cherche à acquérir un terrain pour agrandir mon exploitation parce qu’avec la sécheresse, je n’ai plus assez de pâturages pour mes bêtes".Fabien Périgaud, nouveau président JA 23 creuse
Mais abuse-t-il de sa position pour chasser la concurrence ? "Bien sûr que non, son projet a été rejeté par la banque parce qu’il n’est pas viable".Ne siégerait-il pas au Crédit agricole qui aurait pu rejeter ledit projet ? "Je ne suis même pas au Crédit agricole, mais à la Banque populaire".
Et en CDOA (*), qui valide les projets d’installation, a-t-il mis des bâtons dans les roues à ce dossier?? "Il n’est même pas arrivé jusque-là?! Catherine Couturier me vise pour rendre les choses personnelles alors que c’est le syndicat des JA 23 dans son entier qui dénonce ses positions". (*) Commission départementale d’organisation agricole.
Éric Donzé