[Interview] Saint-Léonard, son grand-père, le puy de Dôme... Mathieu van der Poel, le petit-fils de Raymond Poulidor, donne rendez-vous sur le Tour de France 2023
Mathieu van der Poel croule sous les sollicitations. À quelques heures du départ de la 110e édition de la Grande Boucle, les demandes d’interview affluent de toutes parts pour celui qui est considéré, au même titre que Tadej Pogacar ou Wout van Aert, comme l’un des plus gros talents du vélo actuel. Pour le groupe Centre France, il a toutefois pris le temps de se poser et de répondre à quelques-unes de nos questions. Notamment parce que la 9e étape de ce Tour 2023 partira de Saint-Léonard-de-Noblat, le fief de son défunt et illustre grand-père Raymond Poulidor. Celui qui a été maillot jaune six jours durant pour son premier Tour en 2021 ne s’est pas aventuré à dire quelles seront ses intentions précises sur les rampes d’un puy de Dôme où son « papy » a écrit quelques-unes des lignes de sa légende. Mais il sait déjà que le moment ne manquera pas d’émotions.
Le 9 juillet prochain, le Tour de France va s’élancer de Saint-Léonard-de-Noblat, là où habitait votre grand-père Raymond Poulidor. Imaginez-vous à quel point vous êtes attendu ?
Oui, je pense que ce départ de Saint-Léonard va être spécial. Je m’y suis entraîné quand j’étais plus jeune et quand j’allais voir mes grands-parents. Donc cela va être vraiment spécial pour moi.
Les références à votre grand-père sont omniprésentes. Est-ce quelque chose qui vous agace ? Aimeriez-vous vous en détacher ?
Non. J’apprécie toujours que l’on fasse référence à mon papy quand on parle de moi. Avec tout ce qu’il a fait et ce qu’il a été, c’est un compliment.
Il y a deux ans, pour votre premier Tour de France, vous avez enfilé le maillot jaune, ce qu’il n’a jamais réussi à faire. À quoi avez-vous pensé ? Quelles sont les émotions qui vous ont traversé ?
Quand j’ai pris le maillot jaune, c’était un moment très spécial. J’étais très ému parce qu’il n’était plus là. Mais c’était le plus beau truc que je pouvais lui faire comme cadeau. J’étais bien sûr très très heureux. Mais la première chose qui m’a traversé l’esprit, la première personne à laquelle j’ai pensé, cela a été à lui. C’est dommage qu’il n’ait pas pu être là avec nous.
« Devenir champion du monde sur route »Vous aviez également débuté le Tour 2021 avec un maillot aux couleurs Mercier, comme à son époque. C’était un moment fort pour vous ?
Cette année, on ne fait pas de maillot spécial pendant la course. Mais c’était un très bel hommage qu’on lui a fait avec ce maillot pour mon premier Tour. Ce n’était pas facile, il y avait beaucoup de pression. Mais c’était très joli à faire.
Cette année, 62 ans après votre grand-père, vous avez remporté Milan - San Remo. Là aussi, avez-vous pensé à lui ?
Oui, bien sûr. Et j’ai vu la photo qui a été faite et qui a notamment circulé sur les réseaux sociaux où l’on est côte à côte à l’arrivée à San Remo, quand on gagne sur la Via Roma. C’est quand même beau 62 ans après… C’est vraiment quelque chose de spécial.
Avec les années, avez-vous cherché à en savoir encore plus sur la carrière de votre grand-père ?
Je sais déjà quelques trucs sur la carrière de papy. Mais c’est une autre époque et cela fait déjà très longtemps.
Sur ce Tour de France 2023, vous allez être attendu, entre autres, sur la 9e étape entre Saint-Léonard et le puy de Dôme. Cinquante-neuf ans après le fameux duel avec Jacques Anquetil, cette étape est-elle faite pour vous ?
Cette étape sur le puy de Dôme va être très spéciale. Pas seulement parce qu’il y a eu le fameux duel entre papy et Jacques Anquetil, mais aussi parce que c’est une montée que l’on ne fait pas très souvent. Cela va être quelque chose de joli à faire.
Votre grand-père nous avait dit qu’il n’aimait pas vous donner des conseils. Imaginez-vous néanmoins ce que vous pourriez vous dire s’il était encore là ?
Papy ne me donnait pas très souvent de conseils parce que comme je l’ai dit, c’était une autre époque. Il disait toujours que j’étais bien meilleur que lui, mais c’est très difficile à dire, très difficile à comparer. C’est vraiment une autre époque.
Qu’attendez-vous de ce Tour 2023 et quel est votre plus grand rêve pour la suite de votre carrière ?
Mon objectif sur ce Tour est d’aller jusqu’à Paris et de faire un beau Tour avec toute l’équipe et essayer d’y gagner une étape de nouveau. Ce serait super. Après, mon plus grand rêve pour la suite de ma carrière ou en tout cas un de mes objectifs principaux est d’essayer de devenir champion du monde sur route.
Entretien réalisé par Xavier Georges
Twitter : @Xavier_Georges