La cravate, nouvel accessoire féminin à la mode

Vous la trouverez dans la plupart des collections de prêt-à-porter et à tous les prix. Longue ou courte, fine ou évasée, noire souvent, colorée parfois, la cravate s’imposera cet automne comme l’accessoire féminin à la mode. Elle sera nouée ou dénouée sur des chemises blanches ou transparentes, sur des robes longues ou courtes, amples ou moulantes, sur des jupes évasées ou des pantalons slim, sur de la maille ou sur un tee-shirt en coton. Elle viendra orner un décolleté plongeant ou ressusciter l’uniforme de la jeune écolière, avec une minijupe plissée, et des chaussettes hautes…

Un accessoire pour jouer aux garçonnes des années 1920

Si la cravate a fait un passage remarqué chez Dior, Dolce & Gabbana ou Carolina Herrera, celui qui l’a imposée sur tous les modèles de sa collection de prêt-à-porter, c’est Pierpaolo Piccioli pour la maison Valentino. Des cravates noires, fines et longues pour jouer les rebelles en boots, les fashionistas en ballerines, les garçonnes en mocassins ou les femmes fatales en escarpins. Cravatées, les femmes peuvent être tout ça à la fois.

Cet hiver vous pourrez pousser la sophistication à l’extrême en nouant votre cravate en dentelle autour du cou comme au XVIIIe siècle. Il vous sera permis de la porter comme un signe d’émancipation, à la George Sand ou à la Colette. Et si l’équivoque vous en dit, allez-y carrément, jouez aux garçonnes des années 1920 en l’utilisant comme un accessoire d’identification sexuelle : je porte une cravate donc j’aime les femmes. Laissez jaillir la Marlene Dietrich qui sommeille en vous. Rendez hommage à Simone de Beauvoir qui, si elle n’est pas née femme, est devenue celle qui portait une cravate. Soyez rock et fan des seventies avec Patti Smith qui, dans sa version Robert Mapplethorpe, la porte dénouée. Donnez-vous le frisson de la domination des femmes des années 1980 à la Thierry Mugler. Bref, montrez-moi comment vous portez la cravate, je vous dirai qui vous êtes.

Les députées la portent dans l'Hémicycle

Et si la révolution reste pour vous une belle utopie, faites de votre bande d’étoffe un étendard, comme le firent il y a peu les députées de la Nupes en débarquant toutes cravatées à l’Assemblée nationale en juillet de l’année dernière. Il s’agissait alors de s’opposer au projet de la droite qui voulait instituer dans l’hémicycle son port obligatoire pour les hommes.

Par ce geste aux accents situationnistes, censé défendre la liberté vestimentaire des hommes, les femmes de la Nupes ne s’appropriaient pas seulement ce symbole s’il en est du pouvoir des hommes, elles annonçaient et affirmaient leur propre puissance. Est-il si loin que ça le jour où la prochaine présidente de la République se fera photographier en cravate devant l’Elysée ? Il ne restera plus aux hommes qu’à porter des colliers de perles. Ce qui va déjà très bien à ceux qui l’osent.