À Vichy, une ultime rentrée scolaire à l'école élémentaire Paul-Bert
Paul-Bert, l'ancienne école des garçons du centre-ville de Vichy fermera définitivement ses portes à la fin de l'année. Elle vivait sa toute dernière rentrée scolaire ce lundi 4 septembre.
Lundi 4 septembre, 15 minutes avant l’ouverture des grilles, les dernières professeures arrivées se saluent, derrière l’imposant portail en fer forgé de l’ancienne entrée de l’école ; celle qui était auparavant l’école des garçons. Rue Paul-Bert, elle fait face à l’Université Indépendante de Vichy, installée dans le bâtiment de l’ancienne école des filles." École des garçons " s'affiche encore sur le fronton arrière de l'école, rue Paul-Bert.
La rue du 4 septembre, du côté de l’entrée principale, est si calme qu’on n’imagine pas que la rentrée des classes a lieu ce matin, et pour la dernière fois, à l’école élémentaire Paul-Bert.
La fermeture d'une école historiqueQuelques familles commencent à se regrouper devant le portail, puis, à 8 h 20, Thierry Garcin, directeur de l’école, ouvre les portes. "C’est ma première rentrée à Paul-Bert, mais je ne suis là que pour un an puisque l'école va fermer. C’est pour ça que j’ai pris le poste : l’ancienne directrice a été mutée à sa demande en prévision de la fermeture et personne ne voulait de cette place pour une année. Comme je suis remplaçant sur le territoire, on m’a assigné Paul-Bert. Je ne sais pas où je serai l’année prochaine."L'entrée principale, rue du 4 septembre, à l'ombre des grands tilleuls de la cour.
"Les classes sont petites, ce qui permet un cadre de travail idéal puisqu’elle fait partie d'un REP. "
Cette école historique de Vichy fait en effet sa dernière rentrée, avant que les classes et leurs enseignants ne soient déplacés à l’école élémentaire Georges-Méchin l’année prochaine. "C’est en tout cas ce qu’on nous a annoncé, commente Jacqueline, professeure d’une classe de 15 élèves de CP. Je ne suis là que depuis six ans, mais on l’aime bien cette école : elle a du charme, le parquet qui craque, une belle cour..."
Combien d'élèves à la rentrée dans l'académie de Clermont-Ferrand ?
"Et puis surtout, les classes sont petites, ce qui permet un cadre de travail idéal puisqu’elle fait partie d'un REP (Réseau d'éducation prioritaire), ce qui n’est pas le cas de l’école Georges-Méchin. Géographiquement, cette dernière est plus loin, certains parents n’ont pas de voitures. Il faudra qu’ils lèvent les enfants plus tôt pour y aller."
Agnès Wagner fait sa dernière rentrée à Paul-Bert avec sa classe de CE1-CE2.Pour Agnès Wagner, la plus ancienne des enseignantes, cette rentrée est émouvante. "Je suis là depuis 11 ans. Ça me fait quelque chose. C’est une école de quartier, elle est petite... Mais elle s’éteint à petit feu depuis plusieurs années, il y a de moins en moins de classes."
Une diminution progressive des effectifsDe 8 classes en 2020, l’école en compte aujourd’hui 5 pour sa dernière rentrée, pour un effectif total de 78 élèves. Jean Almazan, adjoint à l'éducation au maire de Vichy, le concède : "Quand le rectorat a annoncé la fermeture d’une classe à Paul-Bert cette année, on ne s’est pas battu contre. On ferme l’école l’année prochaine, ça avait du sens."
Quels sont les défis de la rentrée scolaire 2023 dans l'Allier ?
Les raisons de cette fermeture : la vétusté de l’école, et ses petits effectifs. "On a un groupe scolaire refait à neuf à Georges-Méchin, qui peut accueillir les cinq classes de Paul-Bert sans problème, et qui ne nous obligera pas à chauffer deux écoles. Mutualiser est plus intelligent."
Les enseignantes s’inquiètent tout de même pour leurs élèves : "On va travailler toute l’année avec l’équipe de l’école Méchin pour savoir comment on va s’organiser à la rentrée prochaine, et surtout pour faire en sorte qu’il y ait de la mixité entre les élèves de Paul-Bert et les autres. L’objectif, c'est de gommer les différences, il faut qu’ils soient intégrés."
Derniers sons de cloche dans la courPour Roberto et Emina, parents de cinq enfants dont trois scolarisées à Paul-Bert, le changement d’école n’est pas une problématique : "Les enfants seront sans doute affectés à l’école la plus proche de chez nous. Skurta fait sa première rentrée au CP cette année, et même quand elle changera d’école elle restera avec ses grandes sœurs qui sont déjà à l’élémentaire, donc ça ira !"
Avant son départ, l’équipe de professeurs compte bien rendre cette année mémorable. "On sent qu’ils sont motivés pour passer une dernière en beauté, commente le directeur. On a plusieurs projets, et le premier est de financer un voyage scolaire à la montagne, sans doute à Super Besse."
Il part ensuite sonner la cloche pour rassembler les élèves, sous l’œil rassurant du Paul-Bert peint au milieu d'une fresque, sous le préau. Un dernier signe de la main des petits du CP à leurs parents émus, et les élèvent rentrent en classe. Comme pour le directeur, c’était leur première et dernière rentrée à l’élémentaire.
Sandrine GrasPhotos Renaud Baldassin