"Ma première nuit dans le pays, je ne suis pas près de l’oublier" : un Clermontois en voyage au Maroc raconte le séisme
Moulay Hamed habite le centre de Marrakech. « J’ai tout de suite pensé à un attentat. Les murs bougeaient comme des pantins. » Sylvain, le Puydomois, lui, venait d'arriver sur place pour ses vacances. Ils racontent cette nuit du 8 septembre.
Vendredi soir, en plein centre de Marrakech, Moulay Hamed s’apprêtait, avec sa famille, à passer à table. Ils ne toucheront pas à la nourriture.
Tout Marrakech dans le jardinQuand le séisme frappe la ville rouge, il y a un instant de sidération. Et puis, l’instinct prend le dessus.
On a couru dehors. On s’est retrouvé dans la rue, avec les voisins. Et tout le monde en fait. On est resté là jusqu’au matin. Il y a un grand jardin à côté de chez nous et j’ai l’impression qu’il y avait tout Marrakech ici.
Au matin, la découverte des dégâts.C’est au petit matin que Moulay Hamed regagne sa maison. Le moment de constater les dégâts à la lumière du jour. "C’est surtout dans la médina (cœur historique) que les maisons sont abîmées. La Koutoubia (mosquée de la place Jemaa el-Fna) a souffert aussi." Moulay Hamed parle le sourire aux lèvres. Sa famille va bien. Ses amis aussi. Mais il l’avoue, "à la moindre secousse, on sort". Un état d’hypervigilance que tous les Marrakchis doivent expérimenter. "On est tous devant la télé. On regarde les nouvelles. Il y a encore des secousses vers l’aéroport."
Des murs fragilisés par la sécheressePour lui, le souci vient des fortes chaleurs de l’été. "On n’a pas eu une goutte d’eau, les murs en terre se sont fragilisés." L’après-midi, Moulay Hamed s’est rendu à la mosquée. "L’imam nous a dit de rester forts. De prier." L’acceptation ésotérique marocaine reprend alors le dessus. "La mort peut frapper n’importe quand. Les grands comme les petits. Mais, hamdoulilah, elle n’a pas frappé chez moi."
Séisme au Maroc : "les murs qui bougent, les voisins qui crient, tout le monde qui court dans la rue"
Première nuit de vacances...Marrakech. Sylvain venait tout juste d’y mettre les pieds pour une semaine de vacances.
C’était ma première nuit dans le pays, je ne suis pas près de l’oublier, souffle ce Clermontois. On s’est endormi après le match de rugby et j’ai senti de premières secousses. Une sacrée frayeur ! J’ai mis des coussins sur moi, avant qu’on vienne me dire de vite sortir. On a passé la nuit à côté de la piscine. J’avais déjà connu des tremblements de terre, mais jamais aussi intenses…
Au coeur de la MedinaCe samedi, il a passé sa journée à arpenter les rues, à donner un coup de main ici ou là pour évacuer des gravats. "Il y a des fissures sur beaucoup de bâtiments, y compris dans notre hôtel, ce qui n’est pas rassurant… J’ai vu des touristes faire leurs valises. Nous, on reste. J’ai eu l’impression que la vie reprenait son cours à Marrakech mais beaucoup d’habitants sont un peu laissés à l’abandon. Je n’ai pas vu les autorités, chacun se débrouille comme il peut."
Simon Antony et Arthur Cesbron