Maladie hémorragique épizootique : le virus qui inquiète les éleveurs français
Voici une nouvelle dont les éleveurs se seraient bien passés. La maladie hémorragique épizootique (MHE) a été détectée dans trois élevages de bovins, situés dans les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques, dans le sud-ouest de la France. Le ministère de l’Agriculture a annoncé, jeudi 21 septembre, qu’il mettait en place "des mesures de gestion de cette maladie en lien avec les organisations professionnelles". Ainsi, il est désormais interdit d’exporter des bovins dans un rayon de 150 kilomètres autour des élevages touchés, ainsi qu’en Espagne et en Italie, sauf pour abattage.
Découverte aux Etats-Unis en 1995, la MHE est transmise par un moucheron piqueur, qui s’attaque aux ruminants, notamment aux bovins, et aux cervidés. Une fois entré, le virus circule par voie sanguine, et l’animal développe au bout de quelques jours des symptômes : fièvre, lésions buccales, difficultés respiratoires, amaigrissement… "Les symptômes sont variables selon l’immunité des ruminants", explique à L'Express Christophe Brard, docteur vétérinaire et président de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), qui assure la formation continue des vétérinaires pour les bêtes d’élevage. "Certains ne réagissent pas ou ont des formes légères, comme les moutons, d’autres ont des formes plus graves pouvant aller jusqu’à la mort. C’est le cas du premier animal diagnostiqué dans les Pyrénées-Atlantiques." Aux Etats-Unis, la maladie tue surtout les cervidés, avec un taux de mortalité de plus de 90 %.
Une fois le virus détecté grâce à un test sanguin, l’animal est mis à l’écart de l’élevage et soigné avec des médicaments répondant aux symptômes, comme des antalgiques, des anti-inflammatoires ou des antibiotiques. Il n’existe à ce jour aucun vaccin contre la MHE et la contamination est très aléatoire. "La grande difficulté de cette maladie, c’est que le moucheron peut piquer des animaux dans un élevage, puis être poussé par le vent et aller en piquer d’autres ailleurs", ajoute Christophe Brard.
Résultat du changement climatique
Très présente en Afrique, la MHE se répand de plus en plus vers le nord à cause du réchauffement climatique, qui fait monter les températures et rend les conditions plus favorables au développement de ces moucherons. L’année dernière, c’est en Espagne et en Italie (en Sardaigne et en Sicile) que le virus s’est propagé. "On espère qu’avec l’hiver, le temps sera plus frais et ralentira l’activité des moucherons, mais la MHE peut tout à fait remonter à travers la France", prévient Christophe Brard.
Outre le problème de santé que la maladie pose pour les animaux, c’est également un problème économique pour les éleveurs, qui ne peuvent plus exporter, c’est-à-dire vendre ou échanger, leurs bêtes vivantes et voient donc leur commerce temporairement paralysé. Le ministère de l’Agriculture n’a pas encore défini sous quelles conditions l’interdiction sera levée, mais des accords bilatéraux pourraient être mis au point pour autoriser l’exportation. Si, par exemple, les animaux proviennent d’un élevage sans cas, qu’ils sont désinsectisés et qu’un test sanguin montre qu'ils ne sont positifs. Mais si la maladie se développe et revient l’année prochaine, à la faveur de températures toujours plus chaudes, il faudra alors vivre avec, selon Christophe Brard, comme pour le Covid-19. "Il faudra alors encadrer les échanges et développer un vaccin pour indemniser les bêtes". Jusqu’à l’apparition d’un nouveau virus venu du sud…