Savez-vous que la Géorgie, invitée d'honneur du 32e Sommet de l'élevage, est aussi le berceau du vin ?

La Géorgie est l'invitée d'honneur du 32e Sommet de l'élevage de Cournon, du 3 au 6 octobre. L'une de ses productions phare est très réputée : le vin, né là-bas il y a 8.000 ans déjà.

Après la Mongolie en 2022, la Géorgie est l'invitée d'honneur du 32e Sommet de l'élevage de Cournon, du 3 au 6 octobre. Outre l'élevage ou les cultures, le pays est avant tout connu comme étant le berceau du vin, un breuvage très réputé à travers le monde entier.

L’une des plus anciennes régions où l’on en produit est Shulaveri. La plus ancienne jarre retrouvée dans le secteur atteste d’une fabrication du breuvage il y a 8.000 ans déjà. Une quarantaine de cépages sont encore utilisés, mais on peut en trouver 525. La Géorgie compte 50.000 hectares de vignes et 29 Appellations d’origine contrôlées, dont 20 situées en Kakhétie, la région viticole.

L’Agence nationale du vin, elle, finalise la création d’un cadastre. Ces cartes réalisées par satellites permettent de connaître le cépage planté, la quantité de récolte, le nom du viticulteur…Le musée de l’Agence nationale du vin en Géorgie, rattaché au ministère de l’Environnement et de l’agriculture, réunit les plus anciens objets retraçant l’histoire de la viticulture à travers les siècles, dont plusieurs jarres à l'intérieur desquelles le précieux breuvage était et est encore fabriqué, tout comme les différents outils utilisés pour sa culture.

Ces jarres sont notamment utilisées au château Mukhrani. Cet édifice, fondé au XIXe siècle par Ivan Mukhranbatoni, descendant de la famille royale, a bien failli disparaître. Il doit entre autres sa survie à un Français (et Bourbonnais d'origine), Jacques Fleury, qui a contribué à le restaurer il y a quelques années.

Tout a commencé en 1865 : Ivan Mukhranbatoni, son propriétaire, se rend en France, où il découvre des châteaux bordelais. De retour en Géorgie, il transforme le château Mukhrani en château d’habitation. Les travaux, débutés en 1866, sont réalisés avec des ingénieurs français. La construction dure presque douze ans. À sa mort en 1895, le château devient la propriété de la famille Romanov, tsars de Russie, avant qu'il ne soit abandonné et ne subisse les affres du temps.

Puis la nouvelle histoire du château commence en 2002 : quatre personnes, dont Jacques Fleury, s'unissent pour restaurer l’édifice. Ils le reconstruisent et plantent de nouvelles vignes, jusqu’en 2007.

Un nouvel œnologue, arrivé en 2013, a depuis amélioré encore la qualité du vin et lancé le vin bio. Et aujourd'hui, le château conserve cette tradition de double fabrication avec d'un côté du vin européen et de l'autre du vin traditionnel géorgien. 

En parcourant les caves, on peut donc apercevoir des jarres sur pied, la température ambiante des caves du château permettant une très bonne conservation du liquide sans avoir besoin de les enterrer. L’intérieur de la jarre, lui, est ciré avec du miel (également antiseptique).

Conférence. Une conférence présentant l'agriculture géorgienne et ses opportunités est organisée le mardi 3 octobre, de 10 heures à 12 h 30, au centre de conférences (salle 2).

Mais ce n'est pas cela qui différence le vin géorgien et le vin européen. Cette différence tient au fait qu'une fois la fermentation finie, les Européens séparent le jus et le moût de raisin. Les Géorgiens, eux, mettent le jus et le moût dans la jarre et remuent le tout plusieurs fois. Quand la fermentation est terminée, les deux sont laissés ensemble plusieurs mois encore, suivant le vin espéré, le cépage ou encore la région. La filtration se fait ensuite naturellement, le moût restant au fond, le jus pur remontant à la surface. Ne reste plus qu'à transvaser ce jus pur dans une autre jarre. 

Environ 300.000 bouteilles sont produites chaque année au château Mukhrani ; 60 % partent à l’export et 10 à 12 % sont du vin traditionnel géorgien produit dans des jarres. Les vignes sont réparties sur 102 hectares et regroupent 14 cépages différents.

Après avoir participé à la restauration (réussie) du château Mukhrani, Jacques Fleury s'est lancé dans une nouvelle aventure qui touche encore la vigne. Il a planté 40 hectares de vignes pour du raisin de table en 2021. "On va monter à 200 hectares", précise-t-il.

Les vignes poussent en treille et regroupent différents cépages d’Italie, avec du red globe, de l'italia, du muscat ou encore des variétés sans pépins.

Les conditions sont particulièrement bonnes pour le raisin. On envisage de mettre des moutons pour les entretenir.

Les raisins partent actuellement sur le marché géorgien, et un travail est mené sur l’export et le marché russe. Entre 30.000 et 40.000 € par hectare ont été investis pour l’irrigation, en goutte à goutte, les protections antigrêle…

Rendez-vous. Le 32e Sommet de l’élevage a lieu du mardi 3 au vendredi 6 octobre, à la grande Halle de Cournon-d’Auvergne, de 8 h 30 à 19 heures du mardi au jeudi ; de 8 h 30 à 17 h 30 le vendredi. Entrée : adultes, 14 € ; groupes, 7 € ; gratuit pour les -14 ans, les visiteurs internationaux et DOM-TOM et les personnes handicapées. Infos sur www.sommet-elevage.fr. 

Gaëlle Chazal