De grosses difficultés financières et de personnel dans deux Ehpad du Puy-de-Dôme
Depuis plusieurs mois, les Ehpad de Menat et de Saint-Gervais-d’Auvergne sont au centre de grosses difficultés financières et de personnel.
La banderole placardée à l’entrée de l’Ehpad "Les bords de la Sioule", à Menat, est explicite : "Maltraitance institutionnelle, personnel en souffrance" Cet Ehpad de 28 lits, ainsi que celui de Saint-Gervais d’Auvergne (41 lits) sont tous deux gérés par la communauté de communes du Pays de Saint-Éloy. Et ils traversent une phase très délicate.
Ces deux établissements sont confrontés à des problèmes de plusieurs sortes, allant de la hausse des coûts de l’énergie à celle des produits d’hygiène et à des difficultés de recrutements. Et la situation devient critique.
"Un peu bousculés"Avant l’été, déjà, des résidents avaient envoyé des signaux de détresse.
"On voit bien que le personnel ne peut pas tout faire. Les employés sont un peu déboussolés. Ils sont mis à toutes les sauces. Et nous, on est un peu bousculés. On n’est pas malmenés mais c’est un peu déplaisant", témoigne une résidente de Saint-Gervais.
Et de citer le temps d’attente pour être menés aux toilettes, le service du linge qui n’est plus quotidien, la nourriture dont la qualité se dégrade. L’important turn-over du personnel est également un point de difficulté ressenti par les résidents. Les absences du personnel sont compensées en nombre par des intérimaires. Mais la relation des résidents ne peut pas se construire avec eux de la même façon qu’avec un employé régulier de l’établissement. Et cette solution coûteuse n’arrange en rien les finances des établissements. C’est une spirale descendante.
Lors du dernier conseil communautaire, les élus du Pays de Saint-Éloy sont encore revenus sur ce sujet on ne peut plus préoccupant. "La situation était compliquée en août à Menat. Ça commence à s’arranger. C’est toujours très compliqué à Saint-Gervais, déplore Laurent Dumas, le président de la communauté de communes. C’est très lourd. Ça crée un malaise. Les familles nous disent que le service n’est pas rendu."
Ehpad de Menat : une banderole placardée à l'entrée dénonce la situation difficile du personnel
Signalements de dysfonctionnements"Le personnel est fatigué, épuisé », reconnait-il, tout en jugeant certains arrêts maladie qui tombent les week-ends « discutables".
"On se pose la question tous les mois pour savoir comment on va boucler le budget."
Symbole de ces difficultés, le poste de direction est vacant depuis la fin d’année dernière. Longtemps, les candidatures se sont fait attendre. Une première touche a failli se concrétiser à la fin du mois de septembre. Pour échouer finalement. Une personne, enfin, a pu être recrutée mardi. Actuellement en poste dans un Ehpad à Lyon, elle devrait prendre ses fonctions le 18 décembre.
Des signalements de dysfonctionnements ont été faits à l’ARS (Agence régionale de santé) et au Conseil départemental, les deux autorités de tutelle.
Pour Jérôme Gaumet, vice-président du conseil départemental et maire de Pionsat, ce problème est "plus que majeur" et n’est pas propre aux deux Ehpad de Saint-Gervais et Menat. "De nombreux établissements connaissent des difficultés, pour différentes raisons […]. Les besoins sont colossaux. Le Département prépare une délibération pour cadrer son intervention dans la prise en charge des personnes âgées. Il va réajuster ses soutiens. Mais pour les Ehpad, on sera plus dans de l’aide à l’investissement, pour des travaux de rénovation, par exemple, que dans des aides au fonctionnement."
L’ARS ne s’étend pas sur la situation : "Un travail d’accompagnement des établissements par l’ARS et le Département est en cours pour un retour durable à une situation organisationnelle plus pérenne et sanitaire sécurisée." Mais du point de vue des élus, cet « accompagnement » de l’ARS est bien loin d’être au niveau attendu.
Des résidents de l'Ehpad Maurice-Savy, à Saint-Gervais-d'Auvergne, alertent sur la dégradation de leurs conditions d'accueil au sein de l'établissement.
Jean-Baptiste Ledys