Attentat d’Arras : cours à 10 heures, minute de silence… Ce qui est prévu lundi dans les écoles
"Nous sommes encore une fois en deuil", a déclaré Gabriel Attal, ce samedi 14 octobre, au lendemain du meurtre de Dominique Bernard, professeur poignardé par un jeune homme radicalisé devant un collège-lycée d’Arras, au cours d’une attaque où trois autres personnes ont été blessées. Le ministre de l’Education prenait la parole à la Sorbonne, à Paris, à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix Samuel Paty - du nom de l’enseignant d’histoire-géographie décapité le 16 octobre 2020 pour avoir montré des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d’expression - afin de préciser le déroulement de la reprise des cours et de l’hommage aux deux professeurs, lundi.
"Nous ne céderons rien à la violence, a également assuré la Première ministre Élisabeth Borne. Nous lui ferons face et nous la combattrons." Vendredi soir, la France est passée en alerte "urgence attentat", le niveau le plus élevé du dispositif Vigipirate.
Hommage pour les victimes d’attentats contre l’école
Lundi, le début des cours sera décalé à 10 heures pour les collégiens et les lycéens, après un temps "banalisé" de deux heures réservé aux enseignants pour échanger et préparer l’hommage au professeur. "Lundi sera une journée de solidarité pour nos professeurs", a déclaré le ministre. Ceux-ci ont besoin de "se retrouver entre eux" et "de pouvoir préparer entre eux le retour des élèves", a expliqué Gabriel Attal, qui a détaillé les modalités de ce temps d’échange et de l’hommage "en mémoire des victimes des attentats commis contre notre École", dans une lettre envoyée à l’ensemble des enseignants.
Une minute de silence sera également observée dans chaque classe des écoles, collèges et lycées, mais aussi dans tous les services de l’administration de l’éducation nationale, lundi à 14 heures, en hommage aux victimes d’attentats contre l’école. Funeste coïncidence, ce lundi 16 octobre marque également le troisième anniversaire de la mort de Samuel Paty. "En primaire, ce temps d’hommage et de recueillement pourra prendre d’autres formes, pour tenir compte de l’âge des élèves", a précisé Gabriel Attal.
Renforcement de la sécurité des établissements
La veille, le ministre a aussi annoncé que la "priorité de ce week-end" est de mettre en place une sécurité renforcée dans les écoles, collèges et lycées, suite au "drame effroyable" qui a eu lieu à Arras. Près de 1 000 personnels de sécurité formés sur ces questions doivent aussi être déployés "au maximum de leurs capacités" dans les établissements scolaires. "L’école ne se laissera pas terroriser. Jamais", avait-il alors déclaré. Nous ne céderons pas un pouce de notre liberté à aucun terroriste, si barbare soit-il. Face à la haine et à la barbarie terroriste, l’école restera soudée et elle restera ferme."
Ce samedi, la Première ministre Élisabeth Borne a également assuré que les autorités seront "au rendez-vous pour assurer (la) sécurité" des enseignants. "L’école est un sanctuaire. Quand un enseignant est attaqué, ce n’est pas seulement la République qui est visée : c’est son avenir qui est menacé", a encore dit la cheffe du gouvernement.
Un renforcement du partage d’informations a aussi été annoncé entre les ministères de l’Intérieur et de l’Education, grâce aux "cellules de prévention de la radicalisation et d’accompagnement des familles mises en place dans chaque département". Gabriel Attal a également promis un meilleur soutien des équipes éducatives, avec la réactivation du numéro d’urgence national. En composant le 0 805 500 005, "tout membre de la communauté éducative pourra s’entretenir avec un psychologue", sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Chaque académie a également ouvert ce samedi une cellule de soutien.
Larmes et colère à Arras ce samedi
Ce samedi matin, l’établissement d’Arras était ouvert aux élèves, parents ou membres d’équipe pédagogique souhaitant échanger sur le drame de la veille. Des larmes, de la "colère" mais surtout un lourd silence régnaient devant l’ensemble scolaire Gambetta au lendemain de l’attentat islamiste.
Certains élèves de Dominique Bernard étaient présents. "Je n’ose pas en parler avec beaucoup de monde, mais comme ces cellules psychologiques sont faites pour ça, je pense que j’aurai moins de mal", confiait Chloé, 17 ans et pull orné d’un cœur rouge vif à l’AFP : "J’en ai besoin". "C’était une personne en or", abonde Camille, même âge, sweat à capuche et cheveux en bataille, qui a également été son élève pendant un an. "La preuve, c’est qu’il s’est sacrifié pour nous."