Un accueil spécialisé créé à l'hôpital de Brive pour aider les enfants victimes de violences
Après Tulle, la juridiction de Brive se dote, elle aussi, d’une unité d’accueil pédiatrique enfants en danger, pour aider les enfants à parler du mal dont ils ont été victimes.
C’est une pièce qui par bien des égards, pourrait être une salle de jeux : canapé, plantes vertes, caisse de jouets. Mais sa véritable vocation se trouve dans les détails : une table de verre, un miroir sans tain derrière lequel, enquêteurs et psychologues peuvent observer l’enfant victime de violences intrafamiliales ou d’agressions sexuelles.
"Une salle pensée pour être intime"« C’est une salle pensée pour être intime, enveloppante. Après une mise en confiance par le personnel médical, l’audition de l’enfant se fait autour d’une table de verre qui permet aux enquêteurs d’observer aussi la communication non verbale de l’enfant, son stress. Il y a ce qui se dit et ce qui voit », explique Émilie Abrantes, procureure de la République de Brive.
La deuxième en CorrèzeJusqu’à présent en Corrèze, seule la juridiction de Tulle, disposait d’une « unité d’accueil pédiatrique enfants en danger » (UAPED) de ce type. À 30 km de Brive, elle était finalement peu utilisée par le justiciable briviste. Dans ce type d’affaire, chaque kilomètre est un frein pour les victimes. Après plusieurs mois de travail avec l’hôpital de Brive et les partenaires de la justice, une deuxième unité a pu être inaugurée hier, en présence du ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti.
En plus de la salle d’audition, cette UAPED dispose d’une salle d’auscultation pour le médecin légiste. Tout est réuni dans un même espace, dans le service pédiatrique de l’hôpital de Brive. « Pour un enfant, se rendre dans un commissariat, être examiné par un médecin légiste, raconter son histoire devant un enquêteur, puis un juge, sont autant de traumatismes qui sont revivifiés. Simplifier le dispositif permet d’atténuer ce que l’on appelle dans notre jargon le traumatisme institutionnel », souligne la procureure.
Eric Dupond Moretti a visité la nouvelle unité d'accueil de Brive. Photo Stéphanie Para
Un chien pour aider à libérer la paroleCette prise en charge médicale et judiciaire, « en douceur », pourrait s’accompagner de l’utilisation d’un chien d’assistance judiciaire pour mettre en confiance l’enfant. « Une espèce de “doudou vivant” qui aide à libérer la parole. Nous avons expertisé le concept, cela marche et nous voulons l’étendre partout », a expliqué le ministre de la justice, se félicitant, au cours de cette inauguration, de la transversalité des compétences entre le monde de la justice et celui de la santé.
En France, 145 unités de ce type ont été créées, ou sont en phase de développement. « Parti de l’objectif d’en avoir une par département, nous souhaitons maintenant en avoir une par juridiction », a annoncé le ministre. En Corrèze, c’est chose faite.
Pierre Vignaud