Clermont devient un avant-port de Marseille et du Havre, grâce à la plateforme logistique du groupe Combronde
On voit plus souvent leurs camions (normal, ils sont 650), mais le groupe thiernois Combronde, c’est aussi le transport fluvial (sur le Rhône) et le ferroviaire.La diversification par le rail, Combronde l’a commencée dès 2012 et aujourd’hui, 20 % de son activité est réalisée par voie ferrée. Le groupe souhaite aller plus loin et sa huitième plateforme logistique, inaugurée ce jeudi 9 novembre à Clermont-Ferrand, doit lui permettre d’atteindre son objectif : la neutralité carbone de l’ensemble de ses activités en 2050.
Près de vingt millions d’euros investisUn objectif fixé par l’Union européenne qui oblige Combronde à chambouler son modèle. Plusieurs années après s’être mis en quête d’un second site de report modal sur l’agglomération clermontoise, en plus de celui de Gerzat, le groupe aux 1.200 collaborateurs a trouvé la perle rare avec l’ancienne usine de rechapage de pneus poids lourds de la Combaude. Place nette a été faite et le site de neuf hectares est désormais dominé par un portique mobile de 18 mètres de hauteur permettant de charger et décharger containers et autres caisses mobiles. Ce véritable port sec, qui aura coûté près de 20 millions d’euros, va permettre à Combronde d’accélérer le report du transport routier vers le rail.
Déjà directement connectée au port de Fos-sur-Mer, la plateforme de la Combaude le sera à celui du Havre au mois de janvier prochain. Chaque semaine, ce sont six trains (trois pour l’export, autant pour les importations) qui transitent déjà à la Combaude, soit 240 camions en moins sur les routes.
Avec le raccordement au Havre, ils seront quatre de plus à partir de 2024. L’activité étant appelée à se développer dans les prochaines décennies, ce sont à terme 100.000 trajets de camions qui seraient économisés.
6.000 containers par an pour B & MPour arriver à la décarbonation complète, Combronde devra trouver des solutions pour les derniers kilomètres. L’entreprise est justement en train de tester différentes solutions, comme un camion électrique Renault Trucks, mais aussi le biogaz, le biodiesel à base d'huile de friture, le carburant au colza.
"Quand nous nous sommes lancés dans le ferroviaire en 2012, toute la question a été de savoir comment continuer à faire de la qualité et rester compétitif par rapport à l’utilisation plus agile du camion. Il a fallu la ténacité de mon père pour ne pas abandonner."
Aujourd’hui, il ne le regrette pas, ses clients, des entreprises industrielles et commerciales, étant eux aussi obligés de tendre vers le "zéro émission" de gaz à effet de serre (GES).Biogaz, biodiesel, batteries électriques. Plusieurs solutions sont testées pour se passer du gasoil dans les derniers kilomètres de livraison.
Blaise Chanteloube, responsable du programme Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) pour la logistique de Michelin, a par exemple rappelé les objectifs de son groupe : arriver à 22 % de GES en moins d’ici 2030 et à la neutralité carbone en 2050. Sébastien Blumet, responsable de la logistique pour le groupe B & M (magasins discount) dont les entrepôts se situent à Cournon, a expliqué que sans le partenariat avec Combronde, les 6.000 containers annuels transportant ses nombreux produits importés (65 %) seraient autant de camions entre les ports maritimes et l’Auvergne.
Et l'on verrait encore plus de camions Combronde sur les routes.
Laurent Bernard