Aggravation des problèmes d'accès aux soins dans le Puy-de-Dôme aussi : l’UFC-Que Choisir attaque l’État pour inaction
Depuis plus de 10 ans l’UFC-Que Choisir ne cesse de sonner l’alerte sur les inégalités d’accès aux soins en France. Mardi 21 novembre, elle publie une nouvelle étude qui montre l’aggravation de ces inégalités en actualisant sa carte interactive et attaque l’État pour inaction. Quelle est la situation dans le Puy-de-Dôme ?
L’association l’UFC-Que Choisir lance mardi 21 novembre, avec ses associations locales, dont celle du Puy-de-Dôme, une campagne nationale de sensibilisation et de mobilisation #MaSantéNattendPlus.
Elle invite à consulter sa carte interactive (en cliquant sur ce lien ici) et à soutenir son action en signant et partageant sa pétition « Accès aux soins : j’accuse l’État ».
En effet, l'association saisit ce mardi 21 novembre le Conseil d’État et dépose un recours pour faire constater et sanctionner "la coupable inaction gouvernementale, et enjoindre l’État à prendre les mesures à la hauteur des enjeux."
Dans le Puy-de-DômeDans le Puy-de-Dôme, la campagne de terrain pour sensibiliser et mobiliser les habitants des territoires contre les déserts médicaux auxquels ils sont confrontés a commencé mardi 21 novembre dès 10 h 30 devant les locaux de l’ARS, Agence régionale de santé à Clermont-Ferrand où ont été listées "les légitimes demandes des usagers de la santé quant à leur accès de plus en plus difficile aux soins dans notre département et dans la France entière."
La carte de la fracture sanitaire subie par les Puydômois a ensuite été dévoilée et expliquée devant les locaux de l'association l'après-midi par Daniel Bideau, administrateur national, vice-président de l’UFC-Que Choisir et animateur du réseau santé, et président de l' ’UFC-Que Choisir 63 et Dominique Malavié, président de l’UFC-Que Choisir Issoire.
Vous pouvez retrouver les données concernant votre commune, mais aussi les communes voisines sur la carte interactive en tapant votre code postal.
"Le préambule de la Constitution de 1946 prévoit que La Nation garantit à tous la protection de la santé. Mais, aujourd'hui ? On revient sur des droits fondamentaux établis à la libération !", pointent Daniel Bideau et Dominique Malavié.
Voici les principaux points à retenir- L'accès territorial aux soins s'est dégradé dans le Puy-de-Dôme depuis la dernière enquête de 2022. Et cela ne va pas s'arranger compte tenu de la démographie. À la fois l'âge des patients et celui des médecins, qui vont partir à la retraite.
- Les données, que vous pouvez retrouver sur la carte interactive, sont comparables entre les études (2016, 2022 et 2023) puisque la méthodologie est identique. À savoir, y a t-il un médecin généraliste à moins de 30 minutes de votre domicile ? Y a-t-il un spécialiste (ophtalmologue, gynécologue ou pédiatre) à moins de 45 minutes de votre domicile ?
Les résultats sont obtenus à la fois sur la base de fichiers de l'Assurance maladie très récents (juillet 2022 à juin 2023) et d'appels téléphoniques réalisés par les bénévoles de l'association, quand il s'agit de savoir s'ils prennent de nouveaux patients ou quels sont les délais de rendez-vous.
L'étude de 2023 de l’UFC-Que Choisir montre que dans le Puy-de-Dôme :
Pour les généralistes : 3,5 % des Puydômois résident dans un désert médical (soit une accessibilité médicale au moins 60 % inférieure à la moyenne nationale) et 15,8 % des usagers ont d'importantes difficultés pour accéder à ce pilier du parcours de soin. Le Puy-de-Dôme se situe juste au-dessus de la moyenne nationale "mais la situation se dégrade."
Pour les ophtalmologues : 25,3 % des habitants du Puy-de-Dôme résident dans un désert médical. Et 54 % de la population si l'on ajoute le critère financier. En effet, quasiment tous les ophtalmologues pratiquent le dépassement d'honoraires.
Pour les pédiatres : il n'y en a plus dans la région d'Ambert, de Thiers, ni dans les Combrailles. 21,4 % des enfants sont domiciliés dans un désert médical.
Pour les gynécologues : 47,4 % des femmes résident dans un désert médical.
Et pour avoir un rendez-vous ?Les bénévoles de l'association dans le Puy-de-Dôme ont ensuite pris leur téléphone pour tenter d'avoir un rendez-vous. Ils ont contacté anonymement des médecins. 62 % des généralistes de la région et 58 % dans le Puy-de-Dôme ont refusé de prendre de nouveaux patients (contre 51,5 % au niveau national), soit parce qu'ils sont surchargés, soit parce qu'ils s'apprêtent à partir à la retraite.
33 % des ophtalmologues de la région ont refusé de donner un rendez-vous pour une visite de contrôle (contre 28 % à l'échelle nationale). Et sinon, les délais étaient très importants : 44 % entre un et trois mois et 28 % des cas supérieurs à trois mois.
Cécile Bergougnoux