Un couple du Puy-de-Dôme condamné pour des démarchages abusifs

Le train de vie "fastueux" du couple et leurs "dépenses somptuaires" ont visiblement fini par créer des jalousies. Car en 2017, le conjoint a été "balancé" aux policiers, déclenchant une enquête de la police judiciaire.À l’époque le prévenu a deux sociétés. L’un pour travaux de façade, gérée par sa compagne. Une autre en son nom propre pour des travaux de maçonnerie, de couverture, entretien de bâtiments, peinture, etc.

Deux sociétés qui officiellement ne rapportent que de faibles revenus, seulement quelques milliers d’euros par an. Tandis que la compagne, 44 ans aujourd’hui, ne déclare aucun revenu et bénéficie ainsi de prestations sociales.Seulement, les investigations révèlent qu’entre 2014 et 2017, le couple a perçu 456.000 € de rentrée d’argent. En numéraire et par encaissement de chèques de Thiers. "Il y a d’autres éléments troublants dans ce dossier", relate le président Charles Goulhiers. Comme ces achats de véhicules de luxe.Le démarchage à domicile effectué principalement à Clermont-Ferrand et Beaumont, mais également en région parisienne, généralement chez des personnes âgées, aurait été abusif.

Durant ces années, tous les travaux entrepris n’auraient pas été réalisés ou achevés, tandis que des devis auraient été surfacturés. "Un portail à 10.000 €, c’est cher, non ?", s’interroge le magistrat. "Je sais pas, j’ai peut-être fait autre chose en plus…", livre le prévenu très volubile.

Les plaintes se sont accumulées. En tout, près d’une trentaine de victimes se sont constituées partie civile. En revanche, aucune n’est pas présente à l’audience. "Elles ont toujours peur", explique Me Dupoux, représentant une partie civile, de même que maîtres Dardat et Jaffeux.Le président Gouilhers épluche donc les auditions amassées par les policiers. Les victimes décrivent un prévenu parfois agressif, menaçant, pressant. Mais également beaucoup d’avances demandées, du liquide réclamé et pas toujours de facture.

"C’est une manipulation des policiers, c’est sûr et certain", rétorque le Puydômois. Et d’ajouter : "Quand les policiers sont allés voir mes clients pour leur dire que j’étais un escroc, c’est comme si j’étais un monstre, que j’allais les tuer…" Quant aux parties civiles : "C’est des menteurs !", ajoute le prévenu de 43 ans, déjà condamné à quinze reprises.

"Une merveilleuse procédure dont on nous fait croire qu’on l’a montée en seulement trois mois", ironise Me Renaud Portejoie, aux intérêts de la prévenue, plaidant une relaxe. Également en défense, Me Jean-François Canis, conseil du prévenu, ce dossier aurait dû s’orienter vers une procédure civile. Ajoutant : "Le seul moyen de démontrer un abus de faiblesse sans certificats médicaux, c’est impossible. On peut avoir 80 ans et avoir toute sa tête. Arrêtez de dire que parce qu’on est vieux, on est fou !"

Le prévenu, Christopher Gatt est condamné à deux ans de prison ferme. Sa compagne est, elle, condamnée à douze mois de prison avec sursis

Julien Moreau