Ce que l'Unesco a changé pour la basilique Notre-Dame-du-Port à Clermont-Ferrand
L’histoire de la basilique Notre-Dame-du-Port de Clermont-Ferrand est jalonnée de dates marquantes. Il y a celle que l’on doit accompagner du conditionnel, à savoir la construction de la toute première église par l’évêque saint Avit au VIe siècle.
Celle qui fait foi, 959, et le testament d’Etienne II qui mentionne Sainte-Marie-Principale, nom originel de Notre-Dame-du-Port.
Celle que l’on rappelle tous les ans, le 15 mai 1614, première procession de la Vierge noire à travers la ville. Celle qui fait peur, le 8 février 1800 (7 ventôse an VIII), lorsque la décision est prise de raser l’édifice pour installer un marché aux cuirs (il sera sauvé par une pétition).
Celle qui rend fier, 1840, et le classement sur la première liste des monuments historiques.
Et puis, plus près de nous, le 2 décembre 1998, l’inscription au Patrimoine mondial de l’Unesco, comme 70 autres édifices et sept sections de sentiers, au titre du bien en série "Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France". Un honneur pour la Ville de Clermont, propriétaire de l’édifice, mais aussi un devoir, redonner à ce joyau de l’art roman son lustre d’antan.
Les 25 ans qui viennent de s’écouler ont ainsi vu d’importants chantiers de restauration s’enchaîner, pour un investissement global de plus de 5,7 millions d’euros.
2001-2006Lifting complet pour la basilique. Près d’un million et demi d’euros sont consacrés à la restauration extérieure. L’arkose et le basalte qui habillent l’édifice sont nettoyés et certaines pièces trop abîmées sont même remplacées. Un atelier de taille de pierre est installé sur place et l’ancienne carrière d’arkose de Montpeyroux reprend vie.La basilique a fait l'objet d'une restauration extérieure entre 2001 et 2006 (photo Renaud Baldassin). Au niveau des toitures, c’est la fin des dalles en pierre de Volvic qu’avait fait poser l’architecte Aymon-Gilbert Mallay dans les années 1840. Les tuiles canal font leur retour.
2006-2008Les mensurations de la basilique sont impressionnantes : 45 m de long, jusqu’à 24,7 m de large et une nef qui s’élève à 18 m du sol. La facture du chantier de restauration intérieure grimpe elle aussi pour atteindre 2,8 millions d’euros.En 2008 (photo Richard Brunel).
Quelque 80 tonnes d’échafaudages ont été installées dans la nef. L’opération principale a consisté à rétablir les badigeons qui recouvraient l’édifice depuis l’époque romane et qui avaient été ôtés juste avant la Première Guerre mondiale par l’architecte Gabriel Ruprich-Robert. Dans la tradition de l’époque, la pierre avait été mise à nu et les joints bouchés par du ciment. Les teintes spécifiques ont été retrouvées d’après des analyses de laboratoire.
Dans le même temps, le système de chauffage est changé.En 2010, lors de la remise des Rubans du patrimoine à la ville de Clermont, pour la restauration de la basilique (photo Richard Brunel).
2018-2019Durant cette période, on procède au relevage de l’orgue, c’est-à-dire la révision et le grand nettoyage, et une étude est engagée pour déterminer le caractère exceptionnel de deux têtes romanes en bois polychrome du XIe siècle qui, depuis, sont visibles par le public.
2020-2022La restauration de la crypte et de la sacristie, entre septembre 2020 et avril 2022, reste à ce jour le dernier chantier d’envergure (1.317.121 €) au sein de la basilique.La crypte en 2011, après le décapage des crépis (photo Pascal Chareyron).
Dans la crypte, le travail sur l’éclairage remet en valeur le puits, l’autel du XVIIIe siècle du sculpteur Harbieu, les grilles introduites par l’architecte Aymond Gilbert Mallay en 1845 et le pavage en mosaïque de 1862.La crypte après rénovation (photo Hervé Chellé).
On découvre en parallèle que la sacristie était en fait l’ancienne salle capitulaire du chapitre du Port, construite à la fin du XIIe siècle avec le cloître. Les travaux ont permis de mettre en valeur les chapiteaux sculptés, les boiseries, les fresques polychromes.
2022-2027Dans le cadre d’un programme de valorisation de la basilique, engagé dès 2016 par la Ville et la Métropole, un projet de requalification des abords est en cours. La création d’un Centre d’interprétation de l’édifice est toujours d’actualité, rue du Port. Livraison envisagée pour 2026.
Thierry Senzier