"C'est passé vite, très vite !" Olivier et Isabelle Maurin reviennent sur leurs 27 années à la tête de la Toupine à Brive

La Toupine, c’est bientôt fini ! Olivier et Isabelle Maurin, les propriétaires de ce restaurant de Brive (Corrèze) classé Bib gourmand, vont passer la main en fin d’année 2023. Retour sur une belle aventure gastronomique.

Ils l’ont officialisé, mardi 28 novembre, sur leur compte Instagram. En fin d’année, après vingt-sept ans à la tête de la Toupine, Olivier et Isabelle Maurin tourneront la page d’une riche carrière dans la restauration, avec la satisfaction d’avoir imposé leur établissement du 27, avenue Pasteur comme l’une des meilleures tables de Brive, en Corrèze.

Après un ultime service en salle, le 16 décembre au soir, le chef éteindra définitivement ses fourneaux le 31 décembre 2023, une fois envoyés les derniers menus à emporter concoctés pour les fêtes avec son comparse Georges Figueira des Embruns.

"C’est passé vite, très vite même… Mais le moment est venu pour nous d’arrêter. Si c’était à refaire, on ne changerait rien, mais la restauration, ça prend énormément de temps, et on est aussi content de passer à autre chose, parce qu’on est un peu fatigué", sourit Olivier Maurin. Avant ces derniers coups de feu, on est revenu avec sa femme et lui sur les moments marquants de leur aventure gastronomique…

Flash-back en 1986. Le Clermontois et la native de Saint-Yrieix-la-Perche se rencontrent à… Courchevel alors qu’ils travaillent dans le même établissement. Lui en cuisine, elle en salle. "Avant, j’avais fait mon apprentissage chez Charlou Reynal, à la Crémaillère. Un grand monsieur?! C’est lui qui avait parlé de moi à Albert Parveaux de Castel Novel et c’est comme ça que j’ai commencé à faire les saisons", explique Isabelle Maurin.

Pendant dix ans, le couple enchaîne les hivers à la montagne et les étés en bord de Méditerranée. "Notre première fille est d’ailleurs née à Cannes, en 1990, quand je travaillais au Palm Beach, et la deuxième à Sète, en 1992", détaille Olivier Maurin.

"On avait envie d’avoir notre propre restaurant et de se rapprocher un peu de nos familles", glisse le chef. "Comme je connaissais un peu Brive, je savais qu’il y avait quelque chose à faire, et on ne s’est pas trompé", sourit Isabelle Maurin.

En 1997, le couple de jeunes trentenaires s’installe d’abord en cœur de ville, rue Dubois, avant de déménager avenue Pasteur en 2004. "Rue Dubois, c’était un peu petit. On n’avait que vingt-cinq couverts. Donc quand on a eu l’opportunité de racheter l’ancienne Étape fleurie, on s’est lancé. C’était plus grand (50 couverts) et c’était bien placé aussi, à proximité du centre-ville, avec l’hôpital pas loin", explique le restaurateur.

"La fidélité de nos clients, glisse Isabelle Maurin. Depuis qu’on a annoncé notre départ, on a déjà reçu pas mal de messages de gens qui nous disent qu’ils se sont rencontrés chez nous, ou qu’ils y ont fêté tel ou tel événement. C’est touchant."

Le couple pense aussi, forcément, à la reconnaissance du guide Michelin qui leur a décerné un Bib gourmand sans discontinuer depuis 2007. "On a été les premiers à l’avoir à Brive. C’est une distinction qui fait plaisir et ça amène du monde", apprécie Olivier Maurin.

Et parfois du très beau monde… "Un jour, on a eu Muriel Robin. Quand elle a appelé pour réserver, je pensais que c’était une blague", sourit la restauratrice. L’an dernier, pendant la Foire du livre, la Toupine a aussi accueilli Alain Ducasse, un des grands noms de la gastronomie. "Ça m’avait foutu un peu la pression. Il avait même demandé à venir en cuisine…", se souvient Olivier Maurin.

Et puis, il y a tous ces souvenirs plus personnels. Ceux construits avec leur brigade. Ceux, aussi, liés à leurs filles, Lisa et Manon, qui ont grandi dans le restaurant. "Elles nous ont toujours aidés. Leurs jobs d’été, c’était avec nous", glisse Isabelle Maurin. Le 16 décembre, même si elles n'ont pas choisi de faire carrière dans la restauration, elles viendront d’ailleurs donner la main en salle pour la dernière soirée de la Toupine. "C’est peut-être même pour elles que ce sera le plus fort émotionnellement, lâche Olivier Maurin. Ici, c’était leur maison."

Pourquoi la Toupine ? Si vous vous y connaissez en ustensiles de cuisine, vous savez déjà qu’une toupine est une marmite à trois pieds utilisée pour cuisiner au cantou. Mais Olivier Maurin s’est surtout inspiré des Aubarède, le roman à succès d’Yves Courrière, adapté en série télévisée, en 1986, sous le nom Des toques et des étoiles. Dans cette saga familiale qui raconte trois générations de cuisiniers, le restaurant de la grand-mère, près de Brive, s’appelle justement La Toupine. "J’avais beaucoup aimé ce livre, donc quand on s’est installé, j’ai tout de suite pensé à ce nom." Et la réalité a rejoint la fiction.

Texte : Michaël Nicolas Photos : Stéphanie Para