À Clermont-Ferrand, les enfants prennent la relève de la colère de leurs parents agriculteurs

Il n’y a pas que des actions « coup de poing » dans la vie des agriculteurs mobilisés depuis une semaine sur l’A71, à Clermont-Ferrand. Il y a aussi des cœurs de mamans et de papas qui battent sous le bleu de travail. Des cœurs qui en ont gros sur la patate.

Hier, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs du Puy-de-Dôme avaient décidé de la jouer symbolique : "Parce que l’agriculture ne concerne pas seulement les agriculteurs mais également leur famille, nous organisons une après-midi conviviale avec les enfants. Ces derniers sont également impactés par la situation actuelle."

Une trentaine de tracteurs à pédale avaient donc rejoint le point de blocage. Avec au volant de joyeuses têtes blondes qui se sont amusées à déplacer des bottes de paille ou à sillonner un circuit improvisé entre des pneus.

La maman de Louis ne travaille pas dans le secteur mais est issue d’une famille d’agriculteurs. Elle a tenu à être solidaire : "C’est important de se mobiliser. Pour aujourd’hui mais aussi pour demain. On ne sait pas de quoi sera faite l’agriculture dans vingt ans. Il faut préparer l’avenir."

Albane, emmitouflée dans son landau, n’a pas trouvé de tracteur à sa taille. Normal, elle n’a que quelques mois. Mais elle est mobilisée, avec sa maman : "Il n’y a pas d’âge pour soutenir notre agriculture."

Quentin Jaffuel, secrétaire général des JA 63, explique : "Le mercredi est traditionnellement le jour des enfants et il nous a semblé important de les associer. La famille est ancrée dans ce métier qui est très prenant et qui ne laisse pas toujours le temps de profiter de ses enfants. Cette manifestation symbolique est aussi l’occasion de faire passer un message différent. Notamment en direction du gouvernement qui ne semble pas nous comprendre. Comme la vérité sort de la bouche des enfants, on espère susciter un peu d’émotion chez ceux qui nous dirigent."

Retrouvez tous nos articles sur la colère des agriculteurs

Le responsable syndical ajoute : "C’est l’avenir de l’agriculture qui est en jeu. Cela reste un des rares métiers qui se transmet de génération en génération. Mais c’est de moins en moins vrai."

Des parents, pourtant passionnés, en arrivent à décourager leurs enfants de prendre la relève. Ils ne veulent pas leur faire revivre les difficultés qu’ils traversent.

Fabrice MinaPhotos Thierry Nicolas