Belgique: à Bruxelles, le quartier européen au ralenti, le télétravail encouragé
Le café en face du QG de l'exécutif européen, à Bruxelles, tourne à vide. A quelques mètres, mitraillettes à la main, deux parachutistes regardent passer diplomates et fonctionnaires qui s'efforcent de maintenir un rythme "normal" au quatrième jour d'une alerte maximale.
Privés de métro, toujours confrontés à la fermeture des écoles, ils sont nombreux à travailler depuis chez eux.
"Hier, ça s'est bien passé. Les gens ont pu travailler", explique mardi Alexander Winterstein, un porte-parole de la Commission européenne, en marge du point presse quotidien.
La Commission emploie 33.000 personnes, en grande majorité à Bruxelles, dont un cinquième a eu recours lundi au "télétravail", précise-t-il.
En temps normal, seuls 5% des employés se connectent au même moment à distance. Conséquence: assaillis de demandes de connexion, les serveurs sont souvent surchargés, relève une employée de la Commission, qui doit travailler chez elle pour garder ses trois enfants.
"Le système est en train d'être mis à niveau pour répondre à cette demande inhabituellement élevée", explique M. Winterstein.
Dehors, Sébastien déprime: "C'est une catastrophe", se désole ce manager d'un restaurant de sandwichs plutôt chic à proximité.
Son café, en temps normal, est rempli d'employés de l'UE, de ragots et de bruits de couloir. Point de tout cela mardi. "Si je fais 50% de notre chiffre habituel, ce sera un exploit", se désole Sébastien. Lundi, ses ventes ont plongé de 70%.
- Couloirs vides, zéro ragots -
En face de la Commission, le Conseil européen a encouragé aussi le télétravail. Lundi, les discussions à haut niveau, parmi lesquelles une réunion de l'Eurogroupe, avaient été maintenues pour ne pas céder à la peur. Mais une douzaine de réunions d'experts ont été annulées, raconte un responsable. Résultat: des couloirs "bien vides". La garderie du Conseil est restée fermée, comme toutes les crèches à Bruxelles.
De l'autre côté de la ville, au siège de l'Otan, "il a été demandé à certains employés de travailler de chez eux, et les visites de groupes ont été annulées", rapporte un porte-parole de l'Alliance atlantique.
De fait, les files d'eurocrates débarquant des gares du Midi et Schuman avec leurs mallettes à roulettes se sont presque évaporées.
A Bruxelles-Midi, comme dans toute la ville, militaires et policiers patrouillent. Devant l'entrée des voies pour les trains internationaux, des policiers contrôlent billets et pièces d'identité. D'autres, armés, montent la garde.
"C'est effrayant", souffle Mary, venue de Grande-Bretagne, face à ce dispositif. "On n'a pas peur, la vie continue", affirme Shahzad Khuram, un Belge qui prend le train pour Paris.
Le gouvernement français a décidé d'installer bientôt à Lille et à Paris des portiques de sécurité pour contrôler les accès au Thalys. Et ici? "Si ça ne retarde pas le check-in, si c'est bien pensé, pourquoi pas", dit Paul, un Belge en route pour Cologne.
"Mais pas si ça devient comme pour l'avion", nuance le sexagénaire", "s'il faut faire la queue pour prendre le train". A coté, sa femme abonde: "Faudrait pas que ça entrave le plaisir de voyager".