Comment une jeune société de Brive crée des tissus haut de gamme qui préservent la planète ?

À partir de matières premières biosourcées, la société NME Studio de Brive, en Corrèze, réalise ses prototypes à la main sur les métiers à tisser. Ensuite, elle travaille avec les tisserands locaux pour développer la production.

Dans leur vitrine trône un très gros métier à tisser, racheté à un tisserand à Périgueux, le vestige d’une époque où la fabrication du textile n’avait pas encore déserté la France.

Créée par une architecte formée aux savoir-faire lainiers, Marie-Eve Nardou, et une experte en communication, Nathalie Mignard, la société NME studio crée des tissus vertueux, à partir de matières biosourcées, haut de gamme et « made in France ».

« Pour nous, l’idée, c’était de créer les tissus les plus écologiques du marché, sans renoncer au design, insiste Marie-Eve Nardou. Cela implique qu’on se pose beaucoup de questions à chaque étape. On ne prend pas la matière pour la contraindre, on s’adapte à elle. »

Aujourd’hui, NME studio propose 25 références de tissu différentes (100 % lin, mélange lin-laine, lin- laine-alpaga et le mohair…). Nathalie Mignard résume : « Ici, on réalise les prototypes à la main sur les métiers à tisser. Ensuite, on travaille avec les tisserands locaux pour développer la production. On essaye de relancer à notre petit niveau la filière textile en France. Il n’y avait plus rien. Là, depuis quelque temps, autour des matières naturelles françaises, comme le lin, la laine et le chanvre, il y a des filatures et des ateliers de tissage qui se remontent. On a réussi à créer cette chaîne, allant de la graine et du mouton jusqu’au produit fini. »

Le tissage des tissus en laine de NME studio est réalisé à Castres, à partir de la laine mérinos d’Arles, en provenance des Alpes-de-Haute-Provence. Quant à la culture du lin, elle se fait en Normandie et en Bretagne… La société collabore également avec une microfilature corrézienne d’alpaga.

Jusqu’aux années 2000, 70 % de nos pulls étaient fabriqués en France. « Aujourd’hui, la laine est un sous-produit de l’élevage ovin, explique Marie-Eve Nardou. Sur 14.000 tonnes de collectées, seulement quelques centaines sont valorisées. Pourtant, il s’agit d’une matière renouvelable, alors que dans le monde, les tissus synthétiques, issus de la pétrochimie, représentent plus de deux tiers de la production. »

Pour aller encore plus loin dans sa démarche vertueuse, NME studio s’est associé à la marque Ker Mer, afin de déployer un label qui authentifie les filières d’excellence biosourcées dans le textile. « Notre studio de design devient un laboratoire de Ker Mer, avec la mise en place des solutions compatibles avec le label : zéro microfibres plastique, zéro déchets et un circuit de transformation extrêmement court. À terme, une certification indépendante de ces produits sera créée » souligne Marie-Eve Nardou.

Les tissus de la famille des tweeds de NME studio, sont destinés aussi bien à la mode qu’à la maison et la décoration d’intérieur.  « La partie mode est très sensible à notre philosophie. La marque Marthe-Paris a créé une robe avec notre tissu en laine » racontent les deux cogérantes.

En septembre dernier, NME studio a exposé ses produits, dont un tapis en laine française, nuancé avec de la teinture végétale, à Paris Design Week. La société était l’une des marques ambassadrices d’Oh My Laine, pilotée par le centre de formation Lainamac de Felletin, une référence dans les métiers d’art et son partenaire depuis le début.

« À Paris Design Week, on a eu de très bons contacts avec des maisons prestigieuses. On y travaille en ce moment », concluent les deux cogérantes de NME Studio. Confidentialité oblige, elles ne diront pas davantage. 

La société commercialise quelques-uns de ses produits sur son site Internet aux prix allant de 210 € à 230 €.

Dragan Perovic