Alimentation : un jeune Français sur cinq ne sait pas reconnaître une courgette !
C’est presque inquiétant. Malgré 35 ans de Semaine du goût et pléthore d’actions corollaires au sein de l’Éducation nationale, dans la tranche des 15-24 ans, un jeune Français sur cinq (20 %), ne sait pas reconnaître… une courgette. Autant dire qu’il ne va pas tenter de s’en faire un régal. Le fait constaté, certes à moindre échelle, compte parmi les préoccupations qui ressortent de l’enquête Harris Interactive sur Les Français et l’alimentation quotidienne (*), rendue publique hier et commentée par Olivia Grégoire, ministre déléguée en charge des entreprises, du tourisme et de la consommation.
« Plus gras, plus salés, plus sucrés »Une enquête qui pointe notamment l’attrait de la jeune génération pour les produits transformés, « plus gras, plus salés, plus sucrés », rappelle la ministre, au détriment des produits frais et bruts. De ceux qui sautent facilement de la cagette des agriculteurs dans le panier familial sans passer par la case industrielle. Selon l’enquête, les 15-24 ans sont près de la moitié (44 %) à consommer des plats transformés plusieurs fois par semaine, contre 23 % dans l’ensemble de la population.
La moitié d’entre eux – alors qu’ils sont encore nombreux à vivre au domicile familial – invoque le prix comme élément justifiant la consommation de plats préparés jugés moins onéreux que ceux concoctés avec des produits frais. Comme leurs aînés, les plus jeunes notent, en outre, le temps de préparation des produits transformés, qui coiffe indiscutablement au poteau celui des produits frais. Quant à leur consommation de fruits et légumes frais, là où 81 % de la population assure en boulotter plusieurs fois par semaine, les plus jeunes admettent à 89 % leur préférer les féculents (pâtes, riz, pommes de terre) sans doute plus rassasiants.
Enjeu d’égalité et de santé« Un sujet de société majeur » que le produit de cette enquête selon la ministre qui, avec une future « démarche nationale ambitieuse d’éducation alimentaire », entend « amplifier les actions de tous ceux qui sont déjà engagés » sur le terrain. Parce que c’est « un enjeu d’égalité des chances », sachant que ce sont « les plus modestes qui consomment le plus de produits transformés » ; « un enjeu de santé » dans le cadre de la lutte contre l’obésité, le diabète, le cancer […] ; et « une question de pouvoir d’achat ».
Un argument balayé par le critique gastronomique Périco Légasse, qui vantait lui aussi hier le « cuisiner sain et pas cher » à travers un menu type qui ne manquera pas d’émouvoir la jeunesse. « Une soupe poireau-pommes de terre et une omelette aux champignons de Paris ». (*) Enquête réalisée en ligne du 20 au 21 février 2024 sur un échantillon de 1.058 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.
Sophie Leclanché sophie.leclanche@centrefrance.com