Campement de familles place du 1er-Mai : la colère criée sur les marches de la préfecture, à Clermont-Ferrand

Après trois jours de campement place du 1er-Mai, un rassemblement s'est tenu, ce jeudi 11 avril, sur les marches de la préfecture, à Clermont-Ferrand, pour soutenir les familles et les personnes à la rue. Et redonner du souffle, voire une nouvelle forme, au mouvement.

Trois jours après l'installation d'un campement pour héberger des familles étrangères à la rue, place du 1er-Mai, à Clermont-Ferrand, la stratégie a changé de forme, ce jeudi, l'espace de deux heures. Militants associatifs et politiques, citoyens et les principaux concernés ont joué à l'extérieur, en fin d'après-midi, pour répéter leur message sous les fenêtres de la préfecture du Puy-de-Dôme. "Un toit, c’est un droit, des papiers pour tous", ont clamé plusieurs centaines de personnes, en fin de journée. 

Sur les marches de l'administration, le porte-voix de RESF63 Didier Pagès a ouvert le bal des reproches. D'abord pour s'étonner "de voir les forces de l’ordre casque à la ceinture". Et d'interroger :

"Serions-nous dangereux ? Nous défendons des personnes en danger à cause de la préfecture et du gouvernement".

En déployant un campement place du 1er-Mai, lundi 8 avril, les militants et bénévoles ont mis en lumière des dizaines de personnes à la rue, notamment des familles étrangères sorties des hôtels de la métropole. En une soirée, une quarantaine de tentes ont donné un toit à des enfants, entre deux journées d’école.

Signe que la limite a été largement dépassée, le Secours populaire, habitué à recueillir et accompagner ces familles, est à l’initiative de la distribution du matériel, laissant à des militants de RESF, LFI, Jeunes communistes et sans étiquettes la gestion de la logistique du camp, avec l'appui des services municipaux.  

"Voilà où nous en sommes à cause d’une préfecture et d'un gouvernement qui courent après l’extrême droite, a martelé Didier Pagès. Aujourd'hui, des enfants dorment la peur au ventre sous des tentes avant d’aller à l’école."

La première nuit a été porteuse d’espoirs. En sortant ces demandeurs d’asile, déboutés, réfugiés de l’ombre dans laquelle ils dorment pour un lieu fréquenté de la ville, d’autres anonymes rejoindraient le groupe pour grossir les rangs et engager un bras de fer avec la préfecture, ont-ils voulu croire. Cette dernière est ciblée de toutes parts, élus de gauche, associations, gérants d’hôtels lui reprochent une “gestion inhumaine de l’hébergement d’urgence”. 

L’élan a été douché dès mardi. Le préfet indiquait dans un communiqué sa volonté de “faire cesser au plus vite ce campement”. Les visites des services de la DDETS et de l'OFFI, conjuguées aux passages de la police aux frontières (PAF) et de la police nationale, ont effrayé les familles, selon les militants. Des demandeurs d’asile se sont vu proposer une prise en charge temporaire en hébergement d’urgence avant d’intégrer des structures du DNA (dispositif national d’asile).

"La police aux frontières a ouvert des tentes et fait croire qu’elle voulait loger des gens alors qu’elle voulait les expulser, a dénoncé RESF. Il y a eu des relevés d’identité en toute illégalité. Ces gens réclament un peu de dignité à cette préfecture qui nous fait honte."

Si les personnes hébergées, parfois malades, fragiles comme des femmes enceintes ou des enfants en bas âge, ont dû quitter le campement pour des abris de fortune, le lien avec le collectif ne s'est pas rompu. Le Secours populaire a recensé plusieurs dizaines de personnes, dont une quinzaine de familles. Parmi elles, une trentaine d'enfants, parfois très jeunes. 

Devant la préfecture, la députée insoumise du Puy-de-Dôme Marianne Maximi a fustigé une "loi de la honte", alors que "ces personnes veulent vivre dignement, travailler. Montrons que nous sommes une ville solidaire". "On ne peut accepter ce qui se déroule, ont appuyé les Jeunes communistes par la voix de leur secrétaire fédéral, Taran. Ce sont des personnes vulnérables. Nous nous élevons contre ces mesures ignobles."

Puis, le moment est venu de rentrer au campement, place du 1er-Mai. L'engouement du rassemblement laissait place à une inquiétude qui n'a eu de cesse de grimper tout au long de la semaine. "La situation est critique", admettent des militants, essorés. 

Malik Kebour