Un hommage inédit à Françoise Héritier
L’association des Amis de Françoise Héritier a vu le jour en octobre. « C’est une aventure collective, explique Eva, la présidente. Notre but est de rendre hommage à Françoise Héritier et de promouvoir notre territoire. »
Une biennale intragénérationnelleFrançoise Héritier, bien que née dans la Loire, avait des attaches familiales à Bertignat, où elle possédait d’ailleurs une maison. Alors, une vingtaine d’habitants se sont mobilisés autour d’Eva pour préparer la première édition d’une biennale qui se tiendra les 18 et 19 mai.
« Dans l’association, c’est très mixte, explique Eva. Certains habitent ici depuis toujours, d’autres sont de nouveaux arrivants. Et chacun apporte ses compétences. »
C’est ainsi que s’est construit un projet de biennale intragénérationnelle avec la participation des enfants des écoles, avec un axe local autant qu’intellectuel. Pour ce faire, des partenariats se sont noués avec le réseau des médiathèques d’Ambert Livradois Forez (ALF) ainsi qu’avec la librairie ambertoise Tout un Monde.
Durant deux jours, de nombreuses animations seront proposées telles qu’une balade sur les lieux que Françoise Héritier a fréquentés, l’inauguration d’une plaque commémorative ou encore une conférence de son ami et collègue, l’anthropologue Jean-Pierre Dozon. Une exposition à la mairie de Bertignat sera accompagnée de la projection du documentaire Le sel de sa vie regroupant des témoignages locaux de ceux qui l’ont connue sur le territoire.
Et pour cette première édition, une invitée de marque viendra elle aussi parler de Françoise Héritier : l’historienne et féministe Michelle Perrot sera présente pour une conférence le 19 mai à Grandval. « J’ai connu Françoise en 1989, relate-t-elle. Le gouvernement de François Mitterrand a créé le Conseil national du Sida et lui a demandé de le présider. Françoise était spécialiste des humeurs. J’ai reçu un coup de fil du cabinet de Michel Rocard et on m’a demandé de faire partie de ce conseil. Je n’y connaissais rien. Mais il fallait des gens issus des sciences humaines et du monde médical. Françoise a été une présidente formidable, elle apportait son point de vue d’anthropologue, elle s’intéressait à la question de la santé des corps en prison. Mais elle était déjà malade. »
Elle était « féministe mais pas militante »Les deux femmes sont devenues très amies et « ce lien s’est prolongé jusqu’à la fin de sa vie, confie Michelle Perrot. J’allais la voir régulièrement. Un jour, j’ai sonné et personne n’a répondu. J’ai suspendu les macarons que j’avais apportés pour le thé à la poignée de la porte. Et le soir, j’apprenais le décès de Françoise ».
L’historienne revient aussi sur les ouvrages de son amie qui était selon elle « féministe mais pas militante ». « Les fondamentaux sont Masculin féminin, la pensée de la différence , paru en 1996 et le tome deux, Masculin féminin, dissoudre la hiérarchie , détaille-t-elle. Françoise explique la domination masculine par le fait que les femmes sont mères. Cette force du ventre des femmes, les hommes ont toujours voulu posséder cela. Françoise disait qu’il y a une biologie féminine et une masculine. On avait beaucoup de discussions sur le sujet. »
Michelle Perrot revient aussi sur la personnalité de Françoise Héritier. « Elle était très gaie, elle aimait rire, danser. C’était une femme joyeuse mais qui était clouée à son fauteuil roulant. Elle avait un courage formidable. »
Michelle Perrot sera à Grandval le 19 mai pour une conférence en hommage à son amie. « Il ne m’est pas venu à l’idée de refuser ».
Contact. bertignat.francoiseheritier@protonmail.com.