Le Géant Casino d'Aurillac n'a toujours pas de repreneur et reste pétri d'incertitudes
Les 90 salariés de Géant Casino sont priés d’attendre. Le maire d’Aurillac, « pas fondamentalement inquiet » quant à leur avenir, affirme qu’il y a eu une « marque d’intérêt pour l’éventuelle reprise du magasin ». Mais qui s’est positionné ? Cette question reste sans réponse.
Les employés « ne savent vraiment rien du tout. On est dans l’attente, complet. Tout le monde parle, mais personne ne sait ». « Que va-t-on va devenir ? », appréhende ce salarié, qui tient à garder l’anonymat.
Le Géant Casino d'Aurillac sera-t-il laissé sur le carreau ?
Criblé par des milliards d’euros de dettes, le groupe Casino est en plein démantèlement. Pour tenter de survivre, il doit vendre la quasi-totalité de ses quelque 300 super et hypermarchés. Ses concurrents Intermarché, Auchan et Carrefour se sont positionnés sur la plupart des magasins, mais pas tous. Vingt-six appartiennent toujours à l’enseigne, fondée en 1898 à Saint-Étienne. Dont celui d’Aurillac.
Le maire n'est pas « fondamentalement inquiet »Le maire d’Aurillac s’était exprimé sur le sujet au conseil municipal du 7 mars dernier. « On n’est pas à l’abri qu’il y ait un hard-discount qui reprenne Casino. La lutte capitaliste est sans foi ni loi : il n’y a que le rendement et les projets », avait commenté le socialiste Pierre Mathonier.
D’après lui, le magasin aurillacois fait partie, comme celui de « Brive », d’une longue liste nationale de « commerces qui souffrent, et où le chiffre d’affaires s’est réparti aujourd’hui sur La Sablière, sur Intermarché, sur Leclerc… C’est la vie du capitalisme ».
Quid du personnel, sachant que Casino #hyperfrais (nouveau nom du Géant Casino) compte environ 90 employés ? Ils viennent d’apprendre qu’ils sont concernés par le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) global, lancé pour le siège, les entrepôts et les 26 magasins non repris. Cependant, ses modalités restent floues, parce que la procédure d’information-consultation préalable au PSE débute à peine.
Au conseil municipal du 7 mars, Pierre Mathonier avait laissé entendre qu’ils finiraient, quoi qu’il en soit, par retrouver du travail. « Aujourd’hui, les grandes surfaces (Leclerc, Intermarché ou Carrefour) n’arrivent pas à recruter. Compte tenu du niveau global de chômage que nous avons sur notre territoire (4 %), et avec les difficultés de recrutement des entreprises, je ne suis pas fondamentalement inquiet. Après, c’est comme tout changement : il y a de la pression sur les salariés… »
Une « marque d'intérêt » frappée du sceau du secretUne vingtaine de jours plus tard, dans une vidéo publiée sur la page Facebook de la mairie, Pierre Mathonier assurait qu’« il y avait eu une manifestation d’une marque d’intérêt pour l’éventuelle reprise du magasin Géant », sans dévoiler le nom de cet hypothétique repreneur.
Photo Jérémie Fulleringer.
Les salariés ne connaissent pas non plus son identité. Ils rient jaune. « Une salle de sport ? Le CMC ? À écouter les rumeurs, tout va se faire ! Mais il n’y a qu’en haut qu’ils savent », au siège, à Saint-Étienne, où le secret prime.
À l’intérieur de l’hypermarché, les rayons restent relativement bien achalandés. À l’entrée, un vaste espace de déstockage, avec des promotions annonçant jusqu’à « - 70 % », a été installé. Dans les allées, il y a « - 30 % sur une sélection de produits d’entretien, droguerie et hygiène », sur les « vins, champagnes, bières, apéritifs, digestifs » et « produits de beauté ».
Les commerçants de la galerie s’inquiètent tout autant. « J’ai un emploi, ça c’est sûr, mais jusqu’à quand ? Et comment se projeter sur l’avenir ? » s’interroge un employé du bar Le Quinzième.
Contacté, le siège de Casino explique que « ce magasin fait partie des sites qui ne figurent pas dans les accords Intermarché-Auchan-Carrefour. Mais cela ne signifie pas qu’il va définitivement fermer ses portes. Nous recherchons activement un repreneur, nos équipes sont mobilisées en ce sens, et nous délivrons bien les informations nécessaires à nos équipes, via nos partenaires sociaux (syndicats). Nous privilégions ce cadre de dialogue social auquel nous sommes attachés. Et en attendant, nous continuons d’accueillir nos clients ».
Romain Blanc
Follow @rmnblanc