Une guinguette avant de redonner vie au Garabit Panoramic
Mercredi 8 mai 2024, 14 heures. Il y a fort à parier que Marielle Laforgue se souvienne longtemps de cette date. Symbole du début d’une toute nouvelle vie professionnelle qu’elle peaufine depuis plusieurs semaines et qui bouillonne dans sa tête depuis 2019. À 42 ans, la Sanfloraine d’adoption, arrivée à l’âge de deux ans dans le Cantal, est en train de réaliser son rêve.Après des études dans le tourisme et le management en hôtellerie internationale, Marielle enchaîne les expériences dans de prestigieux hôtels 4 étoiles. D’abord à Monaco comme responsable de l’événementiel, puis en Lozère comme directrice d’établissements. « Car, en 2009, raconte-t-elle, les grands espaces de nature me manquaient. J’ai eu envie de revenir ici ». Elle s’épanouit professionnellement, mais, après un petit changement de voie comme directrice France d’une société de fabrication de portes d’entrées, elle profite d’un plan social pour mener à bien le projet qu’elle mûrit depuis plusieurs années.
J’ai eu envie de monter mon truc : reprendre un établissement sur le secteur, pour faire découvrir ma région et la partager avec les gens.
Marielle se met alors en quête d’une affaire et tombe, en 2020, sur le Panoramic, à Garabit, un hôtel-restaurant fermé depuis une dizaine d’années. « Et là, j’ai eu le coup de cœur. Et quand j’en ai parlé avec des amis ou d’anciens collègues, tous m’ont dit que pour ouvrir quelque chose, il y avait trois critères. Le premier, l’emplacement, le deuxième l’emplacement et le troisième l’emplacement ». Le Garabit Panoramic, qu’elle nomme, elle, le Panoramic Garabit, est « l’endroit parfait, idéal. À trois minutes de l’autoroute et au milieu de la nature ».
Fallait-il encore être en capacité d’en faire l’acquisition et de convaincre d’éventuels financeurs. Qu’à cela ne tienne ! Marielle, que ses proches qualifient de « battante », « à la tête dure », s’associe avec six financiers privés, séduits par le projet, pour acheter les murs, « sans qui je n’aurais pas pu le faire », et y met toutes ses économies. Soutenue, épaulée, portée et poussée par sa famille, ses proches et ses amis, elle se lance alors dans ce qu’elle dit être « cette vraie aventure humaine ». « Je me suis battue, mais sans tous ces gens, je n’aurais jamais réussi », insiste-t-elle, très émue, laissant échapper quelques larmes de ses yeux.
La guinguette Gustave, une première étapeAprès cette première étape foncière, capitale, il faut alors encore ficeler le projet, bétonner le dossier et chiffrer les travaux. Car on ne redonne pas vie à un hôtel de 26 chambres et un restaurant, resté fermé et dans son jus pendant plusieurs années, en un claquement de doigts. Si emblématique soit-il. Car, Marielle l’assure,
Le Panoramic, c’est une institution et je souhaite que les gens retrouvent ce lieu.
Ainsi, l’investissement global, si le projet arrive à son terme, « ce que j’espère de tout cœur », confie-t-elle, tourne autour des 3 millions d’euros. Depuis l’acquisition des murs jusqu’à la rénovation complète des chambres, en passant par la réhabilitation du bar et du restaurant au rez-de-chaussée, mais aussi la réfection des terrasses autour de l’établissement et la création d’un espace bien-être.
A la rencontre des gensEn attendant de lancer les travaux et « de faire revivre le lieu », « d’ici le printemps 2025 », espère-t-elle, en croisant les doigts, Marielle a racheté la parcelle attenante, l’a entièrement déboisée, et y a ouvert, le 8 mai dernier, la guinguette Gustave, en référence à Gustave Eiffel bien sûr, avec un petit sentier et un point de vue, « magique », sur la base nautique de Garabit et la Truyère. Offrant ainsi la possibilité aux gens « qu’ils se posent, tranquillement, qu’ils se ressourcent, en immersion dans cette nature que j’aime tellement. Et puis, ça donne déjà une dynamique », explique-t-elle.
Je voulais quelque chose de simple pour débuter. On a donc fabriqué nous-mêmes le mobilier en bois, le chalet d’accueil et des toilettes sèches et on propose des planches de fromages et charcuterie, des boissons, des crêpes et des glaces. Que des produits locaux.
C’est avec cette même simplicité que Marielle souhaite ouvrir l’hôtel, le restaurant et le bar lounge l’an prochain. « Avec une carte assez simple mais locale, insiste-t-elle. Car je veux pouvoir accueillir le motard, le pêcheur, le randonneur… Moi, ce qui me fait vibrer, c’est la rencontre avec les gens ».
3 M € de travauxOptimiste et déterminée, Marielle Laforgue n’en reste pas moins lucide. Elle sait que l’enveloppe estimative de 3 M€ ne lui permettra peut-être pas de réaliser son rêve en totalité, dès 2025. Et qu’il faudra avancer pas à pas.
« La priorité, c’est le rez-de-chaussée de l’établissement, avec le restaurant et le bar. Si on peut faire les 26 chambres, on le fera. Sinon, on fera petit à petit ». Si pour l’heure, elle est seule à bord de ce gros paquebot, les cousines, les parents, les amis mettent aussi la main à la pâte. Mais elle envisage, dès l’année prochaine, de recruter trois CDI (un chef, un responsable de salle et un responsable de réception), et des contrats saisonniers.
La guinguette est ouverte dès 14 heures. En mai tous les week-ends ; en juin et septembre, 6 jours sur 7 ; en juillet et août, 7 jours sur 7. « Et si on peut aller jusqu’en octobre… Mais on reste très dépendants du temps », affirme Marielle.
Isabelle Barnérias