Un conflit entre deux mères de famille dégénère devant une école du Puy-de-Dôme

Isabelle Ferret, la présidente de l’audience, a du mal à contenir son effarement.Face à elle, deux femmes n’ayant rien de délinquantes. Coiffures soignées, vestes de mi-saison, elles sont jugées pour violences réciproques. Les regards sont noirs. Ils évitent de se croiser.

"Comment deux mères de famille peuvent en arriver là ?", s’étrangle la magistrate. Comment une ancienne maîtresse et une aide médico-psychologique, la première âgée de 37 ans, la seconde de 41 ans, ont-elles pu en venir à l’invective et aux mains, devant l’école élémentaire où sont scolarisés leurs enfants ?

La scène remonte au 27 avril 2023, dans un petit village du Livradois, au moment de la sortie des classes. Elle a pour origine une bousculade, une dispute entre les fils respectifs des deux femmes, âgé de 8 ans, tous deux élèves de CM1 et auparavant amis.

"Les mères s’en mêlent, s’en mêlent beaucoup…", se désespère Isabelle Ferret. La trentenaire vient de récupérer son garçon lorsqu’elle aperçoit l’autre maman, au volant de sa voiture, qui vient aussi chercher le sien. "Je me suis dit, c’est le moment de parler", relate la Puydômoise, face au tribunal.

Mais la quadragénaire n’a pas du tout envie, elle, de discuter. "Je sentais que cela allait mal se passer, je ne voulais pas descendre", raconte-t-elle. Cette dernière sort malgré tout de sa voiture. "Je lui ai tourné le dos pour aller vers le portail."La tension est alors à son comble devant les grilles de l’école. La trentenaire dit avoir reçu des coups de poing sur le bras. Sa rivale conteste, indiquant qu’elle lui a simplement intimé, ne supportant plus sa pression, de "fermer sa gueule". En guise de réponse, elle a droit à un gros coup de poing dans la figure de la part de la trentenaire, qui lui vaudra 10 jours d’ITT.

"J’ai mis une claque, certes elle était forte mais je me suis défendue, je ne suis pas quelqu’un de violent", conteste-t-elle. "On ne se défend pas en allant au contact de quelqu’un", rétorque la procureure, qui demande 600 € d’amende à son encontre.La représentante du ministère public, citant un témoin qui a vu les deux femmes s’agripper, estime que la mère qui a reçu le coup est elle aussi coupable. Elle demande 200 € d’amende à son encontre.

"Ma cliente a essayé de se débattre, de partir, à aucun moment elle a mis un coup, c’est une véritable injustice", conteste Me Joshua Kafil, sons avocat. Sa consœur, Me Anne-Laure Lebert, qui défend l’auteur du coup de poing, invoque elle la légitime défense. "Ma cliente a réagi de manière virulente mais proportionnée."Pour le tribunal, les deux sont coupables. Celle qui a donné le coup écope de 500 € d’amende, la seconde de 200 €.

Olivier Choruszko