Laurent Gerra, 35 ans de scène : "Brocarder, c'est un sport national!"
En tournée depuis le printemps, l'imitateur fait escale au Casino de Paris jusqu'au 4 janvier, dans le décor des cuisines d'un bouchon lyonnais, un univers sur mesure pour cet amateur de bonne chère à la tête de plusieurs restaurants de la "capitale des Gaules".
Accompagné par un orchestre et jonglant avec une centaine d'imitations, de Jack Lang à Emmanuel Macron, qualifié de "meilleur orgueilleux de France", en passant par Nicolas Sarkozy, Sandrine Rousseau ou François Hollande, sans parole mais casqué et la cravate de biais, Laurent Gerra "se met à table" avec l'humour politiquement incorrect et parfois égrillard qui a fait son succès.
"La scène est le dernier espace de liberté. Je m'y sens chez moi depuis 35 ans parce qu'on peut y dire surtout ce qui ne va pas dans l'air du temps", assure à l'AFP l'imitateur et chansonnier, qui a débuté dans les cafés-théâtres de Lyon.
Avec la voix de Fabrice Luchini, Laurent Gerra, 57 ans fin décembre, convoque sur scène l'essayiste et romancier Philippe Muray, en reprenant l'une de ses citations "pour résumer l'époque" et son nouveau spectacle : "Notre temps est si rongé de bonnes intentions, si désireux de faire le bien, qu'il voit le mal partout".
conservatisme assumé
"Mon but n'est pas de délivrer un message mais on peut rire des excès de la société dans laquelle je ne me reconnais pas vraiment", ajoute-t-il. "Les gens ont besoin de rire par les temps qui courent. Le rire est exutoire".
Ses principales cibles ? "Le niveau culturel en baisse, le wokisme et tous les +ismes+ en général! La langue française qu'on massacre... On ne va pas dans le bon sens", estime-t-il, assumant son conservatisme. "Pour certains, on apparaît forcément réactionnaire ou facho dès qu'on ne ne va pas dans le sens du vent".
"Depuis quelque temps, j'avais des fourmis dans les jambes. La scène me manquait", confie encore l'imitateur qui fait les beaux matins de RTL depuis 2007, en pastichant les dernières déclarations des politiques, chanteurs ou acteurs, souvent en leur présence.
"On peut réagir immédiatement à l'actualité. Avec mes auteurs, on a une grande liberté", souligne Laurent Gerra, qui confie avoir encore un peu le trac: "J'ai quand même plus de plaisir que d'appréhension... Et puis, en humour, tout est permis si je me trompe. Si j'étais chanteur d'opéra, ce serait un peu plus compliqué !"
Fier d'avoir sauvé en 2018 "Léon de Lyon", institution lyonnaise créée en 1904 qui risquait d'être remplacée par un supermarché, l'humoriste n'hésite pas à faire un parallèle entre un restaurant et un théâtre: "Quand c'est bien fait, c'est le désir de faire plaisir".
L'an dernier, pour sa contribution à la gastronomie, l'imitateur également viticulteur a été fait chevalier dans l'Ordre du Mérite agricole des mains de Georges Blanc, chef trois étoiles: "La Légion d'honneur qu'on donne à des milliardaires en crampons, je la refuserais. Je n'ai pas fait la guerre!"