SNCF: la CFDT monte au créneau pour sanctuariser les embauches au "statut"
La tension monte à la SNCF, à propos cette fois de la proportion d'embauches au statut de cheminot ou comme contractuel: la CFDT a accusé vendredi la direction de "s'asseoir" sur des engagements du gouvernement et menace de grève.
Lors d'un Comité central d'entreprise (CCE) vendredi et d'un conseil de surveillance, la CFDT, quatrième syndicat à la SNCF, a jugé "néfaste" le projet d'accord sur la politique de recrutement du groupe public ferroviaire soumis à signature d'ici le 31 décembre.
Il s'agit d'une "incroyable occasion gâchée pour assurer l'avenir du statut" de cheminots, estime le syndicat réformiste.
La CFDT a déclenché jeudi la procédure interne d'alarme sociale en déposant une "demande de concertation immédiate" (DCI), préalable à tout dépôt de préavis de grève. Les autres syndicats n'ont pas suivi.
Mardi, lors d'un précédent CCE, l'ensemble des syndicats avaient quitté la séance et refusé de rendre un avis sur le projet de budget 2016, qui programme 1.400 suppressions de postes, via des départs à la retraite non remplacés.
Alors que le groupe public programme néanmoins 5.400 recrutements en 2016, la CFDT voulait inscrire dans le marbre un niveau garanti d'embauches de "cheminots au statut".
La part des recrutements des salariés en contrat de droit privé a augmenté ces dernières années, pour se stabiliser autour de 26% depuis 2014, selon la SNCF.
Réservé aux moins de 30 ans, le "statut" des cheminots garantit un emploi à vie et ouvre droit à un système propre de prévoyance et de retraite.
Dans le projet d'accord ouvert à signature, la direction s'engage à ce que les recrutements s'effectuent "prioritairement" dans ce cadre statutaire, avec les règles actuelles.
A défaut d'accord, une délibération adoptée vendredi par le Conseil de surveillance du groupe s'appliquera, comme prévu par la réforme ferroviaire votée à l'été 2014.
La CFDT, qui avait soutenu la réforme, reproche à la SNCF de "s'asseoir" sur les "accords de modernisation" signés en juin 2014 par le secrétariat d'Etat aux transports, l'Unsa et la CFDT. Ils visaient notamment à garantir un "niveau" d'embauches "correspondant à celui constaté" alors.
Les trois autres organisations, qui défendent elles aussi un haut niveau d'embauches au statut, n'ont pas suivi. En matière de recrutements, "nos propositions, partagées par l'Unsa et SUD-rail, pour inscrire que la norme de recrutement demeure l'emploi au statut ont fait l'objet d'une écoute attentive de la direction de la SNCF", a répondu à l'AFP un porte-parole de la CGT, hostile à tout "quota".
Le premier syndicat de cheminots "n'entend pas se laisser dicter un rythme par la CFDT ou quiconque" et exclut une grève en janvier.
Mais à l'aube de négociations délicates sur le régime de travail des cheminots, pour faire des économies et préparer l'ouverture totale à la concurrence, la CGT prépare néanmoins ses troupes à se mobiliser lorsque ces discussions entreront dans le vif, fin janvier-début février.