Bacilles expédiés par erreur: laxisme, estime le Pentagone
Du laxisme et un manque de connaissances scientifiques sont à l'origine de l'expédition par erreur d'échantillons de bacilles mortels par un laboratoire militaire américain, selon un rapport d'enquête présenté vendredi au Pentagone.
Depuis une dizaine d'années environ, le laboratoire militaire de Dugway dans l'Utah (Ouest) expédiait à des laboratoires du monde entier des échantillons de bacilles de la maladie du charbon mal inactivés.
L'alerte avait été donnée au printemps dernier par un de ces laboratoires.
L'enquête déclenchée par la suite avait permis de découvrir qu'au total, 194 laboratoires de 9 pays avaient reçu à fin de recherche ces échantillons mal inactivés.
Personne n'a été contaminé suite à ces expéditions, et les autorités américaines estiment qu'elles n'ont jamais posé de risque pour la santé publique.
Un rapport d'enquête rendu public vendredi par le Pentagone pointe notamment le manque de connaissances scientifiques sur la manière d'inactiver les bacilles.
Ce manque de connaissances a conduit à l'instauration de normes d'inactivation en réalité inapplicables.
Le rapport pointe également un certain laxisme dans le fonctionnement du laboratoire de Dugway, estimant que 12 personnes, cadres ou techniciens, doivent d'une manière ou d'une autre "rendre des comptes".
"Cela ne veut pas dire forcément les retirer de leur poste, cela peut être de leur faire suivre une formation", a expliqué le général Paul Ostrowski, qui a dirigé l'enquête.
Le général William King, responsable du laboratoire de 2009 à 2011, a ainsi "minimisé" d'autres incidents dont il avait été témoin, "perpétuant une atmosphère complaisante" dans son équipe, selon le rapport.
Un autre rapport du Pentagone sur cette affaire recommande par ailleurs que le laboratoire de Dugway ne produise plus de substances biologiques que pour son usage personnel, sans avoir le droit de les expédier.
Et il formule aussi une série de propositions organisationnelles pour resserrer et harmoniser le contrôle sur les différents laboratoires militaires américains travaillant sur les armes biologiques.