Etats-Unis: Rubio en passe de devenir le candidat de l'establishment républicain
Le benjamin des candidats à la Maison Blanche, Marco Rubio, a brillé lors du premier test électoral de la longue route des primaires, talonnant Donald Trump avec une troisième place dans l'Iowa qui pourrait lui valoir le soutien crucial de l'establishment républicain.
Le sénateur de Floride de 44 ans a dépassé les attentes, lundi, dans le petit Etat rural qui marque le coup d'envoi de la présidentielle. Avec 23,1% des voix, il s'est assuré une solide place dans le trio de tête derrière l'ultraconservateur Ted Cruz et le magnat de l'immobilier Donald Trump, au-delà des 15 à 17% prédits par les sondages.
Le télégénique candidat d'origine cubaine a immédiatement mis le cap sur le New Hampshire, prochaine étape des primaires le 9 février, où il entend capitaliser sur son image de rassembleur.
"Quand je serai désigné candidat, je veux unifier le parti et le mouvement conservateur. Je veux que nous soyons unis pour que nous soyons vainqueurs", a-t-il promis lors d'un meeting dans le sud de cet Etat frontalier du Québec. Enthousiaste, il a décrit la semaine de campagne à venir comme les "huit meilleurs jours de la politique américaine".
Avec le vote de l'Iowa, Marco Rubio a surpassé les autres candidats naturels de l'establishment, John Kasich, Jeb Bush et Chris Christie, souligne Cary Covington, professeur de sciences politiques à l'Université de l'Iowa.
"L'establishment ne veut pas de Trump ou de Cruz", dit-il. Alors que les barons et grands donateurs du parti ne savaient pas qui peut tenir tête aux deux candidats, "Rubio est leur réponse", avance l'universitaire. "Ils cherchent quelqu'un derrière qui se rallier", insiste-t-il.
- L'épreuve du New Hampshire -
C'est la capacité d'un tel candidat à l'emporter face au camp démocrate dans neuf mois qui intéresse l'establishment républicain.
Ted Cruz, détesté au Congrès où il s'oppose en permanence à son camp comme aux démocrates, et Donald Trump, chantre du "politiquement incorrect", ne seraient pas à même de rallier suffisamment d'électeurs face à la très expérimentée Hillary Clinton, redoutent-ils.
L'ancienne secrétaire d'Etat a gagné la primaire démocrate de très peu dans l'Iowa face au septuagénaire Bernie Sanders.
Dans les deux camps, la course reste grande ouverte. "Nous avons beaucoup de travail cette semaine dans le New Hampshire", a prévenu Marco Rubio à son arrivée dans l'Etat dont la devise est "Vivre libre ou mourir".
Les sondages donnent Trump vainqueur, Cruz deuxième et Rubio juste derrière en troisième position. Mais le sénateur du Texas ne pourra plus compter sur les protestants évangéliques, un électorat nombreux dans l'Iowa, sur lequel il a bâti sa stratégie. Donald Trump, quant à lui, devra encaisser l'épreuve de la défaite après avoir fondé sa campagne sur un discours de vainqueur.
"L'Histoire suggère qu'un élan pris dans l'Iowa ne se reporte pas dans le New Hampshire", explique à l'AFP Fergus Cullen, un ancien responsable républicain de cet Etat.
- 'Battre Hillary' -
Dans ce contexte, Marco Rubio devient une cible de choix pour ces adversaires, comme Chris Christie, dont les équipes mènent depuis des semaines une campagne active dans le New Hamsphire.
"C'est un garçon dans une bulle", a-t-il dit de Marco Rubio, lui reprochant d'être tenu à distance de la presse par ses conseillers et de lire ses discours.
Le jeune père de famille insiste pourtant : s'il représente le parti républicain, "nous battrons Hillary Clinton".
"Le sentiment de frustration et de colère est justifié, non seulement Barack Obama nous a conduit dans la mauvaise direction, mais, franchement, les leaders des deux partis n'ont pas fait assez pour l'arrêter", a-t-il déclaré.
Interrogée sur un éventuel duel face à Marco Rubio, la favorite des démocrates n'a pas jaugé son éventuel adversaire. "Je ne pense pas aussi loin", a déclaré sur CNN Mme Clinton, de plus de vingt ans son aînée. "Mon échéance, c'est mardi prochain", jour du vote dans le New Hampshire, a-t-elle poursuivi.
Mais selon Fergus Cullen, outre ses talents d'orateur et son ascension politique fulgurante au niveau national, Marco Rubio n'a pas suffisamment d'arguments pour convaincre.
"Il est devenu de plus en plus en colère au fur et à mesure que la campagne avançait", désapprouve M. Cullen dénonçant un discours trop catastrophiste sur l'actualité mondiale.