Brésil: un dirigeant de Facebook arrêté pour refus de coopération avec la police
En pleine affaire Apple aux Etats-Unis, un nouveau bras de fer oppose un géant de l'internet aux autorités d'un Etat: au Brésil, le vice-président de Facebook pour l'Amérique latine a été arrêté mardi pour avoir refusé de fournir à la police des informations sur des utilisateurs du réseau social.
"Ces informations ont été requises pour la production de preuves devant être utilisées dans une enquête sur le crime organisé et le trafic de drogue, sous le secret de l'instruction", a expliqué la police dans son communiqué.
L'Argentin Diego Dzodan a été conduit au siège de la police fédérale de Sao Paulo pour être interrogé. Il y restera en détention préventive "à la disposition de la justice", ajoute le communiqué.
Le mandat d'arrêt contre M. Dzodan a été émis par un juge de Lagarto, une ville de l'Etat de Sergipe (nord-est du Brésil), car le dirigeant a refusé à plusieurs reprises de collaborer à une enquête sur une bande locale de trafiquants qui communiquaient via WhatsApp, une application de messagerie propriété du géant américain, précise la presse brésilienne.
Cette nouvelle affaire survient alors qu'Apple et le gouvernement américain sont engagés dans un bras de fer ayant de vastes implications sur la manière dont les entreprises technologiques doivent travailler avec les forces de l'ordre.
Le groupe informatique américain refuse de se plier à une injonction judiciaire exigeant qu'il aide les enquêteurs du FBI à accéder au contenu crypté d'un iPhone utilisé par l'un des auteurs de l'attentat de San Bernardino, qui avait fait 14 morts en décembre en Californie.
Dans l'affaire brésilienne, la première demande du juge pour que Facebook et WhatsApp livrent les conversations remonte à quatre mois. Il y a deux mois, la justice a ensuite infligé une amende de 50.000 réais (12.500 euros) par jour à l'entreprise américaine pour qu'elle donne accès aux informations demandées.
L'amende s'élevait déjà à 250.000 euros il y a un mois, a indiqué mardi à l'AFP la police fédérale du Sergipe, en confirmant que ni Facebook, ni WhatsApp n'avaient encore remis les données sollicitées par le juge.
- "Mesure extrême" -
L'entreprise dirigée par Mark Zuckerberg a critiqué l'arrestation de son dirigeant, en poste depuis juin 2015.
"Nous sommes déçus par la mesure extrême et disproportionnée consistant à conduire sous escorte un dirigeant de Facebook au siège de la police pour une affaire qui concerne WhatsApp, qui opère séparément de Facebook", a affirmé le réseau social dans un communiqué.
De son côté, l'application de messagerie assure ne disposer d'aucun serveur au Brésil où seraient conservées les conversations.
"WhatsApp ne peut apporter des informations qu'elle ne détient pas. Nous avons coopéré à la limite de notre capacité dans ce cas précis et bien que nous comprenions l'importance du travail pour faire respecter la loi, nous sommes en fort désaccord avec cette décision", a affirmé un responsable de l'application de messagerie dans un communiqué.
Il ne s'agit pas du premier démêlé de Facebook avec la justice brésilienne. En décembre, WhatsApp avait été bloqué 12 heures durant dans tout le pays après la décision d'un juge pour le même motif : refus de fournir des informations dans le cadre d une enquête judiciaire.
Le blocage, qui avait indigné des millions de Brésiliens, avait finalement été annulé en appel par un autre tribunal.
Trois ans auparavant, c'est Google qui avait été la cible de la justice brésilienne. Son dirigeant au Brésil avait été arrêté et détenu pendant quelques heures pour ne pas avoir retiré deux vidéos de la plateforme YouTube, propriété du groupe, qui attaquait un candidat à la mairie d?une ville du Mato Grosso do Sul (centre-ouest).