LGV Poitiers-Limoges: des opposants dénoncent les "tentatives de pression" d'élus
Des opposants au projet de Ligne à Grande Vitesse (LGV) Poitiers-Limoges dénoncent dans une lettre ouverte au président François Hollande "les tentatives de pression" d'élus en faveur de ce projet, à moins d'une semaine d'une décision du Conseil d?État sur la Déclaration d'utilité publique (DUP).
"Depuis que le rapporteur public du Conseil d?État a demandé l'annulation de la DUP de cette LGV Poitiers-Limoges" le 23 mars, "vous semblez subir les assauts de certains élus", écrivent à l'adresse du président de la République les membres de la Coordination des riverains et impactés (CRI), un des collectifs d'opposants à ligne ferroviaire.
"Ils vous demandent de faire en sorte que cette LGV soit construite; or, ils ne peuvent pas ignorer l'existence du procès administratif qui aboutira à une décision du Conseil d?État le 15 avril 2016", poursuivent les opposants.
Pour ces derniers, "leur demande d'intervention du Président, dix jours avant que le Conseil d?État rende son arrêt, est clairement une tentative de pression sur des juges indépendants, en violation du principe de séparation des pouvoirs".
Le 23 mars, le rapporteur public avait préconisé l'annulation de la DUP lors d'une audience au Conseil d'État, dans le cadre d'une requête portée par des opposants au projet de LGV.
Le 4 avril, plusieurs élus de toutes tendances politiques -- dont une sénatrice socialiste de la Haute-Vienne, Marie-Françoise Pérol-Dumont, et le maire Les Républicains de Limoges, Émile-Roger Lombertie -- ainsi que des représentants du monde économique de la Haute-Vienne, avaient assuré lors d'une conférence de presse à Limoges qu'ils continueraient à soutenir le projet même si le Conseil d?État annulait la DUP. Ainsi, le président de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de la Haute-Vienne, Jean-Pierre Limousin, avait indiqué avoir écrit en ce sens au président PS de la Région Aquitaine/Limousin/Poitou-Charentes, Alain Rousset, et au président François Hollande.
Les opposants à la LGV sont représentés dans treize structures, regroupant chacune plusieurs dizaines de collectivités, municipalités, collectifs et associations de riverains et usagers se trouvant sur le tracé de la ligne reliant Toulouse à Paris. Ils militent pour la modernisation de la ligne existante POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse).
La SNCF et l?État ont récemment annoncé 1,5 milliard d'euros pour la sécurisation et la modernisation de cette ligne, qui est l'une des plus anciennes lignes ferroviaires de France. C'est sur cette ligne qu'avait eu lieu en 2013 l'accident de Brétigny-sur-Orge (Essonne), au cours duquel sept personnes avaient trouvé la mort.