Disparition de 43 étudiants au Mexique : des experts indépendants dénoncent l?obstruction des autorités mexicaines
Des enquêteurs indépendants ont accusé dimanche le gouvernement mexicain d'avoir fait obstruction à l'enquête sur la disparition des 43 étudiants mexicains et s'interrogent sur le rôle de la police fédérale dans leur rapport final.
A l'issue d'un an d'enquête, ces experts étrangers de la commission interaméricaine des droits de l?homme (CIDH) ont présenté un rapport cinglant de plus de 600 pages dans lequel ils regrettent de n'avoir pu élucider cette affaire qui avait choqué l'opinion publique mondiale.
Ils dénoncent les "obstructions" subies de la part des autorités mexicaines ainsi qu'un "forte campagne médiatique" menée contre eux afin de décrédibiliser leur travail.
Les autorités ont montré, selon eux, "peu d'intérêt" à faire avancer de nouvelles pistes dans l'enquête et il a été "impossible" pour ces experts d'interviewer de nouveau 17 suspects actuellement incarcérés, ont écrit les auteurs du rapport.
Sans les accuser directement, les experts révèlent également la présence de policier fédéraux à un barrage la nuit du drame, dans le secteur où s'est déroulée la tragédie.
Le rapport dénonce aussi des cas possibles de tortures sur les suspects incarcérés, 80% d'entre eux ayant présenté de graves blessures après leur arrestation.
Ces experts étrangers étaient arrivés à Mexico en mars 2015 à la demande des familles des victimes et avec l'accord des autorités. Leur mandat a été reconduit une fois, mais le gouvernement mexicain a décidé de ne pas le proroger davantage et il se terminera donc fin avril.
Selon la version officielle, dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014, les policiers municipaux de la ville d'Iguala ont livré les étudiants d'Ayotzinapa au cartel de drogue des Guerreros Unidos, qui les a assassinés puis incinérés dans une décharge à Cocula, avant de disperser leurs restes dans une rivière.
Mais les experts indépendants ont de nouveau rejeté ces conclusions, comme ils l'avaient fait dans leur premier rapport remis en septembre 2015, indiquant qu'il n'y avait pas de preuves scientifiques d'une incinération d'une telle ampleur dans ce lieu.
La disparition des 43 étudiants en 2014 avait provoqué un tollé international et une grave crise politique deux ans après l'élection d'Enrique Peña Nieto aux fonctions de président. Au Mexique et ailleurs dans le monde, de nombreuses manifestations, parfois violentes, avaient été organisées pour dénoncer l'inaction de l'Etat et la corruption au sein des forces de l'ordre.