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Сентябрь
2016

Comment la réflexion sur la technologie inspirée par l'Exposition universelle de 1900 nous influence encore aujourd'hui

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Arthur Molella
Directeur émérite du Lemelson Center for the Study of Invention and Innovation

On parle beaucoup aujourd'hui des risques et des bienfaits de la technologie, qu'il s'agisse des voitures sans conducteur, des robots et drones utilisés dans les zones de guerre comme dans les échanges commerciaux, de la chirurgie robotisée, de l'Internet des objets, de l'intelligence artificielle ou de la manipulation génétique des aliments, des organismes et même des êtres humains.

Récemment, l'Institut américain de la santé a annoncé qu'il comptait réautoriser le financement de la recherche sur les embryons animaux hybrides, contenant des cellules souches humaines. Ce qui soulève des questions d'ordre moral: que se passera-t-il si l'on parvient à créer un animal doté d'un cerveau en partie humain?

En réalité, ces préoccupations remontent à plus d'un siècle: en 1900, l'Exposition universelle de Paris est déjà le théâtre de discussions animées sur les dangers de la "modernisation". Henry Adams en fera une analyse particulièrement incisive, quoique largement oubliée. Ce fils de diplomate, descendant de deux présidents américains, est un historien de renom et un technophile aussi inquiet qu'enthousiaste. Ses réflexions seront publiées après sa mort dans son autobiographie, L'éducation d'Henry Adams.


Que se passera-t-il si l'on parvient à créer un animal doté d'un cerveau en partie humain?



Dans un chapitre intitulé La Vierge et la dynamo, où il considère les changements qu'a entraîné l'ère des machines, il fait preuve d'une grande inquiétude vis-à-vis de ce qu'il considère comme un dangereux conflit entre la splendeur de la technologie moderne (ce qu'il appelle "la dynamo") et le substrat essentiel de l'humanité, ses valeurs religieuses et traditionnelles, "la Vierge".

Plus introspective que descriptive, L'éducation d'Henry Adams recevra le prix Pulitzer en 1919. Elle apparaît également en tête des 100 meilleurs livres de non-fiction du XXe siècle en langue anglaise, établie par les éditions Modern Library, devant Ascension d'un esclave émancipé de Booker T. Washington, Une chambre à soi de Virginia Woolf et Printemps silencieux de Rachel Carson.

Aujourd'hui, la popularité de ces auteurs dépasse largement celle d'Henry Adams, dont les travaux ne manquent pourtant ni d'intérêt ni d'à-propos, car son œuvre est peut-être encore plus pertinente aujourd'hui qu'elle ne l'était à l'époque.


La Galerie des machines de l'Exposition universelle de 1900, à Paris. (Photo12/UIG/Getty)


Après avoir étudié les expositions dédiées à l'art, la science et la technologie, notre historien - bien que convaincu des mérites du "progrès" - estime que les Américains se montrent trop enthousiastes vis-à-vis des nouvelles technologies, et négligent les valeurs traditionnelles. Cette attitude soulève pour lui une question inquiétante: l'esprit humain survivra-t-il à l'ère des machines?

A ses yeux, la société américaine est sur le point de prendre un tournant fatidique, et de sacrifier ses anciennes valeurs sur l'autel de la technologie. Ces réflexions lui sont inspirées par une visite à la Galerie des machines, où il se montre particulièrement obnubilé par l'une des gigantesques dynamos exposées. Peu importe sa fonction: l'intérêt de l'historien (et ses angoisses) se concentre sur la taille et le mécanisme de cette "immense roue, qui tourne à quelques mètres de moi à une vitesse vertigineuse", sans presque le moindre bruit. Son fonctionnement, écrit-il, représente un mystère aussi insondable qu'envoûtant, qui le laisse stupéfait. La dynamo devient ainsi pour lui l'incarnation de la modernité, le symbole de la "révolution de 1900", un ensemble de bouleversements scientifiques et technologiques qui inaugure, de façon tout à fait remarquable, l'ère de l'électricité, la production automatisée, et l'avènement de la voiture et de l'avion.

Et puis il y a l'art. Henry Adams oppose à la dynamo la figure de la Vierge, dont il suppose qu'elle a inspiré la plupart des œuvres montrées dans les pavillons artistiques de l'Exposition. Il en fait un symbole de la tradition chrétienne et, l'assimilant à Vénus, de la féminité en général. Ses considérations sur l'avenir l'amènent à se demander si le dieu de la technologie, apothéose de la dynamo, n'est pas sur le point de remplacer, "l'Église et la Croix" (il est lui-même en quête d'un terrain d'entente entre religion et science).


L'esprit humain survivra-t-il à l'ère des machines?



Pour le guider à travers la Galerie des machines, Henry Adams est accompagné d'un scientifique américain de premier plan, S. P. Langley, secrétaire du Smithsonian. Malgré le grand respect que son compagnon lui inspire, l'historien raconte sa perplexité et la gêne qu'il éprouve à le voir ne s'intéresser qu'aux machines et aux forces, et faire abstraction de tout ce qui ne relève pas du domaine scientifique. "Fort de son expérience, Langley écartait de son horizon tout ce qui ne mettait pas en lumière une nouvelle application de la force. Naturellement, il rejeta en premier lieu la presque totalité des sections artistiques."

Parlant de lui-même à la troisième personne, il explique comment Langley lui apprend à apprécier, sinon à comprendre, les récentes découvertes sur la radioactivité, les ondes radiophoniques et l'électricité: "[Adams] s'enveloppa des rayons et vibrations nouvelles et, eussent-ils été présents, il eût pris Guglielmo Marconi et Édouard Branly [inventeur du cohéreur, l'un des premiers détecteurs d'ondes radio] dans ses bras, tout comme il étreignit la dynamo. »

Fasciné depuis longtemps par la physique moderne, il tentera par la suite d'appliquer ses théories à celles de l'histoire de l'humanité, en dépit du scepticisme de ses amis scientifiques. Mais il réserve son enthousiasme à la dynamo: "Tandis qu'il s'accoutumait à la grande salle des machines, il se mit à percevoir les gigantesques dynamos comme une force morale, un peu comme les Chrétiens devant la Croix. (...) On ne tarderait pas à leur adresser des prières. »


Henry Adams et son chien, non daté. (Bettmann via Getty)


C'est ce qu'il fait d'ailleurs dans un poème: "Prière à la dynamo: pouvoir mystérieux! Tendre ami! Maître despotique! Force infatigable!", écrit-il de manière remarquablement ambivalente.

L'afflux de découvertes scientifiques et technologiques lui inspirera parfois le besoin de se réfugier dans la tradition, la sécurité et l'unité qu'il associait aux sociétés médiévales et à l'Église. La désaffection apparente d'une partie du public vis-à-vis de la Vierge l'inquiète, car elle signifie selon lui la fin des grands courants artistiques animés par le pouvoir de la foi chrétienne, "l'énergie la plus noble de l'homme", surpassant même celle de la machine à vapeur et de la dynamo.

Il remarque que l'on peut encore "percevoir [en Europe] la puissance de la Vierge, à Lourdes, aussi intense que les rayons X", alors qu'en Amérique "ni Vénus ni la Vierge n'ont jamais été considérées comme une force". En dépit de son propre scepticisme vis-à-vis de la religion (attiré par elle, il restera cependant agnostique, incapable de réconcilier vérités de la science et celles de la foi), il regrette de voir ses compatriotes se transformer en adorateurs des machines.


"On ne tarderait pas à lui adresser des prières."



Que pouvons-nous apprendre d'Henry Adams, face aux dilemmes que soulèvent nos propres révolutions technologiques? Ce passionné de sciences et de technologies, que l'on pourrait qualifier d'adepte de la première heure, était resté un homme du XIXe siècle, conscient des défis posés à la société par la technologie du XXe. Son espoir était que la dynamo et la Vierge s'associent, pour nourrir notre vie aussi bien spirituelle que matérielle.

Evidemment, plus personne ne parle de dynamos ni de Vierges, et encore moins d'"étreindre des dynamos". Pourtant, à bien des égards, Henry Adams s'est montré extraordinairement prophétique. Avec les récentes avancées dans les domaines de l'intelligence artificielle et de la manipulation génétique, nous sommes justement confrontés à la crise existentielle qu'il avait prédite.

Cent ans exactement après la visite d'Henry Adams à l'Exposition universelle, Bill Joy, cofondateur et ex-directeur scientifique de Sun Microsystems, publiera un célèbre essai dans le magazine Wired, intitulé Pourquoi l'avenir n'a pas besoin de nous, envisageant un avenir dystopique dans lequel "les technologies les plus puissantes du XXIe siècle - la robotique, l'ingénierie génétique et les nanotechnologies - menacent de faire de l'être humain une espèce en voie de disparition". Henry Adams était loin de se montrer aussi lugubre. De son point de vue, au cœur de la révolution de 1900, il ouvrait les bras à notre avenir technologique, mais nous mettait en garde: il est nécessaire de s'assurer que nos technologies ont une âme, non pas pour nous remplacer, mais pour nous enrichir et vivre en harmonie spirituelle avec nous.

Ce blog, publié à l'origine sur le Huffington Post américain, a été traduit par Charlotte Marti pour Fast for Word.


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