Pécresse s'attaque à la fraude dans les transports en commun franciliens
Une nouvelle campagne contre la fraude dans les transports en commun d'Ile-de-France sera lancée mardi. Valérie Pécresse, présidente LR de la Région, entend faire de ce combat une vitrine pour récupérer des fonds et financer le réseau francilien.
La fraude dans les transports en commun franciliens est un "petit recul de la République chaque jour", selon la présidente LR de la région IDF. Mais c'est surtout "400 millions d'euros par an de manque à gagner, et c'est injuste pour ceux qui payent", a-t-elle souvent déploré. En février, la cour des Comptes l'a chiffré plus précisément à 366 millions d'euros annuels, soit 1 million par jour.
Mme Pécresse en avait fait une de ses "priorités" pendant la campagne des régionales, promettant des "mesures beaucoup plus drastiques" contre les fraudeurs et pour le recouvrement des amendes, qui pourraient selon elle rapporter 100 millions d'euros par an.
Le syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif), autorité régulatrice des transports franciliens qu'elle préside, évalue le produit des amendes autour "de 125 millions d'euros par an".
L'ancienne ministre du Budget a "assigné des objectifs très concrets" d'augmentation des recouvrements à la SNCF et à la RATP, dans le cadre d'avenants aux contrats liant le Stif aux deux opérateurs. Il s'agit désormais pour la RATP de récupérer auprès des fraudeurs 20 millions d'euros supplémentaires, et, pour la SNCF, 10 millions d'euros.
Mme Pécresse s'appuie pour cela sur la récente loi du député PS de Gironde Gilles Savary, adoptée en mars, qui a renforcé les mesures de lutte contre les incivilités dans les transports.
- Nouvelles règles et sanctions -
Cette loi interdit par exemple les "mutuelles de fraudeurs" (c?est-à-dire des systèmes permettant aux fraudeurs de ne pas à avoir à payer leur amende en échange de quelques euros par mois), et rabaisse de dix à cinq infractions le délit de "fraude d'habitude", puni de six mois d'emprisonnement et 7.500 euros d'amendes.
Surtout, la loi va obliger -le décret est attendu prochainement- l'usager sans billet à justifier son identité. S'il refuse, il pourra être retenu jusqu'à quatre heures par les agents.
Désormais, "vous ne pourrez plus dire +je m'appelle monsieur Donald et j'habite rue du Bonheur+", s'est félicitée Mme Pécresse la semaine dernière. Ces nouvelles mesures devraient ainsi palier le faible taux de recouvrement des amendes, inférieur à 10%, selon elle.
"C'était tabou d'en parler, mais je vois que tout le monde s'y rallie", a ironisé dans le Parisien celle qui était à l'origine d'une proposition de loi en mai 2015 intitulée "tolérance zéro contre la fraude".
La campagne d'affichage dévoilée mardi, la première partagée par la région Ile-de-France, le Stif, la RATP et SNCF Transilien, vise ainsi à "sensibiliser les voyageurs aux nouvelles règles et sanctions encourues dans les transports", selon l'autorité régulatrice.
Mme Pécresse destinait au départ les économies dégagées au financement de ce qu'elle appelle l'"ardoise" de l'ancienne majorité de gauche, à savoir le passe Navigo à tarif unique, ardoise finalement comblée avec l'aide de l'Etat et une hausse de 3 euros par mois du passe unique.
La manne devrait aussi servir à financer son programme de modernisation du matériel roulant (708 rames neuves ou rénovées promises d'ici à 2021,) ou son nouveau projet de refonte de l'offre de bus à Paris et dans la région, objet d'une vaste concertation citoyenne à partir de lundi.
"Je sais que je serai jugée essentiellement sur l'amélioration des transports", souligne la présidente de région.