Macron, l'Européen, appelle à une refondation de l'UE
Affichant sans détour ses convictions européennes, Emmanuel Macron a appelé samedi à Lyon à une profonde refondation de l'Union européenne, en conclusion d'un "sommet des réformistes européens" largement interprété comme une nouvelle étape vers sa candidature à la présidentielle.
"Est-ce que l'Europe va bien ? Non, elle est en train de se désagréger sous nos yeux face au défi migratoire, au défi climatique, aux défis économiques multiples", a lancé M. Macron, à l'issue de deux jours de débats tenus dans le nouveau "Musée des Confluences".
Plusieurs personnalités initialement annoncées n'ont finalement pas fait le déplacement de Lyon, mais l'ancien ministre de l?Économie a affirmé qu'il fallait "raison garder", "ramener tout le monde au calme sur ce sujet" et s'occuper du véritable sujet: poser un diagnostic sur l'état du pays et de l'Europe.
Dernier intervenant du colloque, M. Macron a relevé que "l'Europe fait face à un risque qui est un risque de régression, de retour en arrière - sur les plans identitaire, économique"...
"Nous ne sommes pas satisfaits de cette Europe", conduite par des dirigeants à la mentalité "vieille", a-t-il affirmé.
"Ce sytème a rendu l'âme et tourne à vide comme on l'a vu à Bratislatva la semaine dernière. On ne discute plus d'idées mais des termes du communiqué", a poursuivi l'ex-ministre.
Il a aussi appelé à lutter contre "le cynisme, la langueur, l'irresponsabilité" qui sont aujourd'hui les "ennemis" des porteurs du projet européen. Il a vivement incité ses amis réformistes à "se réapproprier les thèmes laissés aux ennemis de l'Europe: identité, souveraineté et démocratie".
Menacée par la tentation du repli sur soi, "l'Europe ne retrouvera pas spontanément le cours de son histoire", a-t-il mis en garde.
Il faut, selon lui, "retrouver les règles de la souveraineté européenne", pour retrouver le projet initial d'une Europe "puissante et qui protège".
L'ancien ministre a qualifié de "démagogiques" les projets de référendum sur l'Europe défendus par Marine Le Pen et d'autres dirigeants populistes.
Il a proposé de son côté de saisir l'année qui vient pour engager une réflexion pendant six à huit mois sur l'Europe dans l'ensemble des 27 pays membres, via des consultations en ligne.
Ces réflexions devraient déboucher sur une feuille de route brève - "pas une somme technique de 200 pages"- qui fixerait les grandes orientations européennes pour les cinq à dix ans. Et ce document, lui, pourrait être soumis à référendum. "L'Europe serait ainsi relégitimée".
Parmi les pistes évoquées pour retrouver cette "Europe du désir": la consolidation de la zone euro avec un budget commun; la création d'un fonds européen de défense "pour développer des capacités communes".
Il a demandé plus de solidarité financière entre pays européens, avec des "transferts monétaires partout où c'est nécessaire" car, depuis la crise, "nos économies se sont écartées". "Et si nous n'offrons pas d'autres perspectives à la jeunesse européenne, alors oui nous récolterons la colère!".
M. Macron a proposé la création d'un "vrai système de garde-côtes et de gardes-frontières" car "la vraie protection de nos frontières se construit au niveau européen".
"Ceux qui aujourd'hui promettent la protection aux frontières nous mentent", a-t-il lancé aux tenants d'un abandon de l'espace Schengen.
Cette relance européenne "donnera à coup sûr sur une Europe à plusieurs vitesses" où "ceux qui ne veulent pas avancer" ne pourront pas bloquer les autres.