La Poste: SUD PTT dénonce un climat "catastrophique"
Des représentants de SUD PTT de plusieurs régions, accompagnés d'anciens salariés ou de leurs parents, ont dénoncé lundi à Paris un climat "catastrophique" à La Poste ayant conduit, selon eux, à plusieurs suicides ou graves accidents de santé.
"Tous les clignotants sont dans le rouge. On est dans la même situation que pendant la vague de suicides de 2012", a affirmé à la presse Eddy Talbot, un représentant de SUD PTT, 3ème force syndicale du groupe La Poste avec 20% des suffrages.
Le suicide de deux cadres début 2012 sur leurs lieux de travail avaient donné lieu à un rapport de l'ancien secrétaire général de la CFDT, Jean Kaspar, et permis 15.000 recrutements au lieu de 10.000.
Comme ses collègues syndicaux d'Isère, du Doubs, du Finistère ou de l'Essonne, M. Talbot met en cause la "réorganisation" en cours au sein du groupe ainsi que "des méthodes de management de plus en plus contestables", sans citer de chiffres mais en évoquant des "cas emblématiques".
Il évoque aussi un taux d'absences de "près de 7% à La Poste contre 4,5% en moyenne en France".
Parmi les personnes venues témoigner, Emeline Broequevielle, 25 ans, ex-CDD de La Poste dans le Nord, partiellement paralysée après un AVC sur son lieu de travail. La jeune femme, mère de deux enfants, a porté plainte pour "non-assistance à personne en danger", accusant les responsables du centre de distribution du courrier où elle était en CDD à Villeneuve d'Ascq (Nord) d'avoir tardé à appeler les secours.
Sébastien Carré, syndiqué à SUD et membre du CHSCT qui a alerté la direction le jour de son AVC, a raconté avoir été "mis à pied" quelques jours plus tard et "accusé de harcèlement envers la direction".
SUD a indiqué avoir transmis fin 2015 à l'Inspection du travail une synthèse de plusieurs dizaines de rapports d'expertise sur les risques psycho-sociaux dans différents centres de tri ou de distribution réalisés par des cabinets spécialisés, restée "sans suite" à ce jour.
Interrogée par l'AFP, La Poste dit "ne pas se reconnaître dans la situation décrite" par SUD. Elle souligne "être particulièrement investie dans la santé au travail et y investir chaque année plus de 30 millions d'euros".
Concernant le cas d'Emeline Broequevielle, elle assure que "l?encadrement s?est enquis à plusieurs reprises de l?état de santé de la factrice, lui a proposé d?appeler les pompiers ce qu?elle a d?abord refusé" avant de décider "d?appeler le 15. Les spécialistes de ce service d?urgence ont choisi après avoir évalué la situation par téléphone, d?envoyer une ambulance et non le Samu ou les pompiers".
Stéphane Chevet, secrétaire national en charge de La Poste à la CFDT a regretté auprès de l'AFP que SUD n'ait pas invité l'ensemble des organisations syndicales à sa conférence de presse. Il a décrit "un vrai souci sur les accidents du travail au courrier" en forte hausse, comme "l'absentéisme", disant avoir "proposé l'ouverture de négociations sur ces sujets comme sur la charge de travail ou la prévention de la pénibilité".