Premier débat de la primaire EELV: et le vainqueur est... le programme
D'accord sur à peu près tous les sujets, l'ancienne ministre Cécile Duflot et les trois eurodéputés Karima Delli, Yannick Jadot et Michèle Rivasi ont bien tenté de valoriser leurs parcours respectifs pour tenter de s'imposer dans cet échange cordial d'un peu plus d'une heure et demi. Cécile Duflot, la plus capée, a martelé son souhait de devenir la première "présidente écologiste" en se projetant sur l'avenir. La benjamine de l'élection, Karima Delli, a insisté sur sa volonté de s'adresser aux classes populaires et d'incarner le renouvellement générationnel. Plus fédérateur, Yannick Jadot a cherché à se montrer crédible en vantant sa participation au Grenelle de l'Environnement tout en promettant de ne plus céder aux errances politiciennes du passé. Quant à l'anti-nucléaire Michèle Rivasi, elle a mis en exergue "l'authenticité" de son parcours militant et scientifique.
Mais sur le fond, impossible de distinguer des nuances véritablement significatives. "Est-ce vous connaissez une autre famille politique où il y a autant d'harmonie?", a même plaisanté Cécile Duflot. Résultat des courses, les quatre candidats ont consacré l'essentiel de leur temps de parole à vanter le programme qu'ils ont en partage, et rien d'autre.
32 heures, cannabis et revenu universel
Sur ce point, ce premier débat de la primaire écologiste aura au moins permis aux téléspectateurs de se familiariser avec les 32 heures, ardemment défendues par Cécile Duflot et ses amis. Alors que la plupart des candidats de droite prônent le retour aux 37 voire 39 heures, les écologistes ont tous milité pour cette nouvelle étape dans la réduction du temps de travail dont le coût est estimé à 140 milliards d'euros. L'objectif résumé par Karima Delli: "Travailler moins pour travailler mieux mais surtout pour que tout le monde travaille".
Autre proposition économique, autre sujet de consensus: tous les candidats soutiennent le principe d'un revenu de base, ou revenu universel. La nuance se fait ici sur le montant et les modalités: Jadot propose 524 euros par mois pour tout le monde, , Rivasi, Delli et Duflot penchent plutôt vers 800 ou 1000 euros par mois, l'ancienne ministre prônant une instauration progressive ciblant en priorité les plus fragiles. Le tout financé par une refonte générale de la fiscalité.
Sur l'environnement, tout le monde s'accorde sur la nécessité de sortir des énergies fossiles. Karima Delli cible le diesel, Michèle Rivasi les centrales nucléaires, Yannick Jadot plaide pour l'indépendance énergétique tandis que Cécile Duflot revendique une France "100% renouvelable".
Sur la légalisation du cannabis, nouvelle unanimité. Chacun prône l'encadrement et le contrôle pour casser les filières mafieuses et réduire la consommation chez les jeunes. Quant aux institutions, tout le monde promet d'en finir avec "le président monarque" et d'instaurer une République parlementaire élue à la proportionnelle.
Désaccords en filigrane sur la stratégie
Si tous n'auront aucun souci à défendre le même programme en 2017, les vieux démons de la division n'appartiennent pas encore tout à fait au passé. Et les désaccords ont semblé poindre dès lors que les candidats ont eu à s'exprimer sur leur stratégie électorale.
Certes, chacun s'accorde sur "l'échec" du quinquennat qui s'achève. Mais aucun des candidats sur le plateau n'a semblé savoir ce que feraient les écologistes une fois la présidentielle passée. Yannick Jadot a fermement écarté toute alliance avec Jean-Luc Mélenchon qu'il a accusé de soutenir Vladimir Poutine comme Marine Le Pen. Karima Delli a ciblé à deux reprises l'accord électoral scellé en 2011 par Cécile Duflot avec le Parti socialiste lorsqu'elle était secrétaire nationale d'EELV, prônant une autonomie stricte. Michèle Rivasi a exclu de son côté de "faire allégeance à un Parti socialiste déficient" mais ne ferme pas à la porte à des alliances avec d'autres en vue des élections législatives de 2017.
Le tacle le plus dur n'a pas été adressé en direct mais de l'extérieur du plateau de télévision. Dans son édition à paraître ce mercredi, Le Canard Enchaîné accuse Cécile Duflot de "copinage" en relatant la manière peu équitable dont l'ex-présidente du groupe écologiste à l'Assemblée aurait réparti les primes de licenciement de ses salariés/ Preuve que les règlements de compte entre écologistes sont loin d'être terminés.
[Info @LCP/@PublicSenat] @CecileDuflot répond aux accusations du @canardenchaine >> https://t.co/vT2E8pB488 Cc @libe pic.twitter.com/LMCJkN1Q6w
— LCP (@LCP) 27 septembre 2016
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