Cette ex-Femen témoigne après avoir reçu une balle dans sa fenêtre: "Je ne me résignerai jamais"
SOCIÉTÉ - "C'était comme une "explosion". Vers 3 heures du matin, jeudi 20 octobre, Marguerite Stern, ancienne Femen, est sortie de son lit par un bruit sourd traversant son appartement, puis comme "des chutes de débris" dans sa cuisine. Elle se lève pour observer sa fenêtre, croit qu'une pierre vient de briser sa vitre. En fait, c'était du plomb.
"Pour moi, c'était inconcevable que ce soit une arme à feu", confie-t-elle au HuffPost 24 heures après les faits. Elle dit avoir mis du temps à réaliser, sur le coup. Elle a pourtant réussi à relever le numéro de la plaque d'immatriculation de la voiture qui a quitté sa rue quelques secondes après le tir. Sur place, la police judiciaire et la Bac ont effectué des relevés balistiques, et des images de vidéosurveillance sont étudiées pour retrouver les coupables.
Marguerite dit avoir eu deux réflexes: le premier, "écrire ce que j'ai vécu, parce que d'autres femmes vivent aussi ce genre d'injustice". Sur Facebook et Twitter, son récit a été relayé des centaines de fois. Le deuxième, "prévenir les filles", les Femen.
Parce que je refuse le harcèlement de rue. Parce que les insultes & les menaces n'ont pas réussi à me faire taire: une balle dans ma fenêtre pic.twitter.com/xap2rzOsUZ
— Marguerite Stern (@MargueriteStern) 20 octobre 2016
Car Marguerite a longtemps fait partie de ce mouvement international de féministes, qui disent lutter contre toutes les formes d'oppression liées au sexe, à l'orientation sexuelle ou à la religion. "Je sais qu'ils ont vu des vidéos liées aux Femen", confie la jeune femme, qui n'exclut pas d'avoir été visée pour toucher toutes ses anciennes camarades de lutte.
Elle privilégie toutefois une autre piste: celle d'avoir été prise pour cible pour avoir plusieurs fois tenu tête à des "jeunes" de son quartier du Panier, à Marseille, après des actes de harcèlement de rue.
"Oui, j'ai peur de me prendre un balle dans la rue"
"J'ai décidé d'être dans le dialogue" avec eux, confie Marguerite, "d'expliquer en quoi c'est dérangeant de parler de cette manière à une femme", même quand on croit que c'est un compliment sur le physique. "Certains, qui acceptaient le dialogue, sont venus boire des bières chez moi, l'un d'eux m'avait même défendue face à sa bande", explique-t-elle.
"Mais j'ai vite compris que le dialogue ne servait à rien", continue Marguerite, qui parle "d'effet de groupe, de quartier", où son engagement est connu - régulièrement, elle partage sur les réseaux sociaux les vidéos des faits de harcèlement qu'elle subit. Une semaine avant le tir par arme à feu, elle avait déjà été attaquée chez elle: une boîte de conserve avait été lancée contre ses volets.
Marguerite se dit aujourd'hui "en état de choc", "traumatisée" par ce "sentiment extrêmement violent" d'être visée par une arme à feu. "Ce serait irresponsable et inconscient de dire que je n'ai pas peur. Oui, j'ai peur de me prendre un balle dans la rue", dit-elle.
La militante féministe restera à Marseille, où elle a emménagé en février pour "se construire" après les Femen et "développer des aspects de (sa) vie personnelle et professionnelle". Mais elle déménagera dans un autre quartier: "Je ne veux plus dormir dans cet appartement", confie-t-elle.
Mais son combat est loin d'être terminé. "C'est une question de responsabilité des femmes les unes envers les autres: si toutes les femmes résistaient, le harcèlement de rue s'arrêterait demain", insiste-t-elle. Marguerite dit avoir l'envie de "mutualiser les manières de résister de toutes les femmes", portée par les messages de soutien et témoignages qu'elle reçoit régulièrement. Sa lutte changera peut-être de quartier, mais elle l'assure: "Je ne me résignerai jamais".
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