La BCE met en garde contre "un degré anormal d'incertitude"
L'économie mondiale se retrouve confrontée à "un degré anormal d'incertitude"après l'élection à la Maison Blanche de Donald Trump, a regretté lundi le vice-président de la Banque centrale européenne (BCE) Vitor Constancio, mettant en garde contre les répercussions du protectionnisme voulu par le président américain élu.
"Une nouvelle fois, l'économie mondiale fait face à un degré anormal d'incertitude. Les conséquences pourraient ne pas être immédiates", a déclaré à Francfort (ouest) Vitor Constancio, dont le texte du discours a été publié par la BCE.
En effet, le responsable de l'institution monétaire européenne a relevé que "la perception que les Etats-Unis débutaient une nouvelle phase de politique budgétaire expansionniste avait généré un certain optimisme". Après un court moment de panique et d'incertitude à l'issue surprise du scrutin de la présidentielle américaine, les marchés boursiers ont ainsi dans l'ensemble regagné en vigueur ces derniers jours.
Si des "effets économiques bénéfiques" pourraient se faire sentir sur le court terme, "les effets négatifs réels de cette incertitude accrue peuvent survenir plus tard", a prévenu le vice-président de la BCE.
En cause, le protectionnisme américain défendu par Donald Trump autour de son slogan "America first". Cela "peut fortement réduire l'impact d'une plus forte croissance sur une augmentation des importations américaines", a expliqué Vitor Constancio.
"Le commerce mondial, déjà plutôt faible, pourrait continuer à s'effondrer, mettant à mal toutes les économies dépendantes de l'export", a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, de telles mesures protectionnistes "visant particulièrement les importantes économies émergentes pourraient encore davantage ralentir la croissance économique mondiale et créer de l'instabilité sur les marchés des changes", a continué d'argumenter le responsable de la BCE, en visant la Chine, sans la citer directement.
Cet avertissement de Vitor Constancio est le premier, depuis l'élection de Donald Trump, d'un des six membres du directoire de la BCE. Au lendemain de l'élection, l'économiste en chef de l'institution Peter Praet s'était contenté d'affirmer "surveill(er) de près la situation comme d'habitude".
Ce nouvel accès d'incertitude pour l'économie mondiale survient, alors que beaucoup d'économistes s'attendent déjà à ce que la BCE annonce éventuellement dès décembre qu'elle accentue ses mesures de soutien à l'économie, face à une inflation toujours morne en zone euro.