Manuel Valls: "On m'a imposé le 49-3"
PRIMAIRE DE LA GAUCHE - Tout et son contraire? Invité de "L'Emission Politique" sur France2 ce jeudi 5 janvier, Manuel Valls a tenté de justifier la réorientation de certaines de ses positions entre le moment où il était premier ministre et celui où il s'est présenté à la primaire de la gauche.
L'ancien chef du gouvernement s'est notamment défendu de tout opportunisme s'agissant de sa promesse de supprimer l'article 49-3 de la Constitution (sauf pour le vote du budget) alors qu'il a lui-même eu recours à cette arme institutionnelle pour imposer, à 6 reprises, la loi Macron puis la loi Travail.
"On m'a imposé le 49-3", a-t-il affirmé crânement en accusant les frondeurs d'avoir refusé tout compromis sur les textes portés par Emmanuel Macron puis Myriam El Khomri. Assumant le recours à cet article très critiqué par les défenseurs du parlementarisme, Manuel Valls a rappelé qu'il avait concédé d'importantes concessions sur la loi El Khomri. "J'ai obtenu l'accord de la très grande majorité des députés socialistes, j'ai obtenu l'accord des syndicats réformistes mais je n'ai pas trouvé l'accord d'une cinquantaine de députés socialistes. Il fallait à ce moment là l'imposer", a-t-il développé.
Pour autant, précise-t-il, "j'ai bien compris ce que cela donnait comme sentiment de brutalité. On doit tirer les leçons de l'expérience. Quand on gouverne, quand on doit prendre le recul nécessaire... On tire les leçons".
"Je ne suis plus premier ministre, je réfléchis à l'avenir. Et notamment sur la réponse à apporter à la crise démocratique", a-t-il plaidé sur France 2. Un argument qui a fait ricaner certains de ses adversaires de gauche comme de droite.
#ManuelValls : « On m'a imposé le 49.3 » ???????????????????????????? prix de l'humour 2017!
— Olivier Besancenot (@olbesancenot) 5 janvier 2017
Suppression 49.3, défiscalisation des heures supplémentaires, discours de fermeté...#Valls nous prend pour des pigeons! #LEmissionPolitique
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 5 janvier 2017
"La gauche a trop cédé à la puissance du marché"
Plus globalement, Manuel Valls assume son positionnement plus consensuel au sein du PS dont il a voulu un temps changer le nom tout en proposant de supprimer les 35 heures. Au risque parfois de prendre le contrepied de ce qu'il a longtemps incarné. "La social-démocratie est en crise, aux Etats-Unis (...) en Italie, un peu partout en Europe, et donc en France, peut-être que cette gauche a trop cédé, à la puissance du marché, à des forces de l'argent, au libéralisme", a déclaré l'ancien Premier ministre qui voulut un temps supprimer l'Impôt sur la fortune.
"Moi je n'ai jamais été un libéral", a-t-il affirmé. "Et d'ailleurs en France jusqu'à maintenant il y a peu de libéraux. C'est la première fois qu'un candidat, en l'occurrence François Fillon, porte un projet ultralibéral, celui des années 80, celui qui a provoqué la crise que nous avons connu", a poursuivi M. Valls.
"Et donc il faut remettre des règles, un sentiment de justice, d'équité et c'est pour cela qu'il faut garder en effet un impôt sur la fortune. Comment on peut demander un effort aux Français sans que les plus fortunés ne participent de l'effort national?", a-t-il lancé.
"Je sais bien que beaucoup m'aimaient quand j'étais briseur de rêve (...) briseur de tabou. A 5%! Mais bien sûr que j'ai changé! Je n'ai pas changé de conviction, mais j'ai changé, j'ai mûri", s'est justifié l'ex-locataire de Matignon.
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