Le revenu universel proposé lors de la primaire de la gauche? Une même appellation pour trois projets bien différents
ÉCONOMIE - C'est le thème incontournable de la primaire de gauche. Aucun candidat n'a pu faire l'économie d'une sortie pour affirmer son adhésion, ou son opposition au revenu universel.
Cette allocation versée à tout le monde, sans exception et sans condition, sera certainement au cœur du premier débat, ce jeudi 12 janvier. Cette utopie a pris comme une traînée de poudre. Seuls Benoît Hamon, Manuel Valls et Jean-Luc Bennhamias l'ont inscrite dans leur programme, mais tout le monde doit avoir un avis.
Cela promet des échanges intéressants: personne n'est vraiment d'accord sur sa définition, ni la manière de l'appliquer. En théorie, c'est pourtant simple, comme l'a expliqué l'économiste Daniel Cohen sur France Inter le 11 janvier.
REVOIR - Daniel Cohen sur le #RevenuUniversel : "Vous avez le droit à un revenu de base pour vous protéger des aléas de l'existence" pic.twitter.com/fR1Mk6e6Oh
— France Inter (@franceinter) 11 janvier 2017
Mais dans la pratique, cela va du minima social amélioré au véritable revenu de remplacement. Tout semble possible... du moins pour ceux qui y croient. Car le revenu universel suscite autant d'adhésion que de sarcasmes.
Arnaud Montebourg n'en veut pas, au profit de la défense de la valeur travail. "Le revenu universel est dans le champ stratosphérique de l'irréalisme. Ce serait d'abord un superprélèvement sur les Français avant d'être un revenu. Cela reviendrait à augmenter de 50% les impôts de tous les Français", a-t-il sanctionné le 10 janvier, selon le Figaro.
Quant à Vincent Peillon, il se déclare "philosophiquement opposé". "Je crois à la dignité par le travail et dans le travail. Je veux une solidarité qui inclut, pas qui exclut: 'Je te donne de l'argent et tu restes chez toi'", s'est-il justifié sur BFMTV.
En attendant de savoir quel projet sortira vainqueur, voici les trois définitions du revenu universel défendues à la primaire de la gauche.
- Benoît Hamon et le "revenu universel d'existence"
A la gauche du PS, il est sans aucun doute le plus ambitieux sur le sujet. "Pour éradiquer la grande précarité et contribuer à définir un nouveau rapport au travail et au temps libre", il prévoit une "révolution" en trois étapes.
A partir de 2017, le RSA serait augmenté de 10% à hauteur de 600 euros par mois pour tous les ayant-droits et tous les jeunes de 18 à 25 ans. Ce revenu serait ensuite étendu au reste de la population pour atteindre 750 euros par mois.
A terme, cela représenterait une somme de 450 milliards d'euros par an s'il est limité aux Français de plus de 18 ans, près de 600 milliards si même les enfants sont concernés. Soit entre 20 et 27% du PIB français, et plus que le budget actuel de l'Etat (374 milliards dans le projet de loi de finance 2016).
.@BenoitHamon : "je suis sur la théorie de la raréfaction du travail" qui justifie l'instauration d'un revenu universel #QuestionsPol pic.twitter.com/aGdSTPiGxE
— France Inter (@franceinter) 8 janvier 2017
- Manuel Valls et le "revenu décent"
Pas question d'être en reste pour l'ex Premier ministre. Mais il préfère parler de "revenu décent" issu de la fusion des minima sociaux, attribué à toutes personnes majeures vivant en France, mais sous conditions de ressources. Difficile de parler d'universalité avec ces conditions.
De fait, il est plus question dans son programme de simplification administrative que de véritable révolution. "Les minima sociaux, outils de la solidarité nationale, sont aujourd'hui nombreux, complexes, difficilement lisibles. C'est une source d'inégalités supplémentaire dont pâtissent les plus modestes", détaille son programme.
"L'accès devra être aussi simple et légitime que de bénéficier d'allocations familiales lorsqu'on a des enfants ou du remboursement de ses soins lorsqu'on est malade", précise-t-il.
"Ce minimum décent peut aller jusqu'à 800-850 euros (...) pour une personne seule en fonction des ressources, avec toujours le lien sur l'insertion, sur la formation", comme il l'a confié au Figaro en décembre.
Le coût de cette mesure est évalué à 30 milliards d'euros, et Manuel Valls n'a pas peur de reconnaître qu'il faut encore trouver les financements. Il doit donner plus de détails en janvier.
- Jean-Luc Bennhamias et son "revenu universel" (un peu) plus libéral
Le candidat écologiste est le dernier partisan du revenu universel. Peu de détails sur le contenu, mais une approche de son organisation et de son financement qui tranche. Comme Manuel Valls, il veut le financer en le substituant à d'autres allocations, mais aussi par "l'économie faite sur les énormes dispositifs administratifs nécessaires pour gérer ces dispositifs".
S'il veut le redéployer "à des activités plus utiles pour la collectivité", il ne dit rien de leurs fonctionnaires, s'il veut les conserver en totalité ou se séparer de quelques uns pour financer le dispositif.
Aussi, là où Hamon y voit une réaction nécessaire à la raréfaction du travail, et Valls une réponse à la précarité, il est le seul à y voir un levier pour relancer la création d'entreprises. Pour lui, les Français ne seraient pas satisfaits avec "500, 600, 700 euros par mois", ils veulent travailler, être actifs. Et comme il ne croit pas au retour au plein emploi... CQFD.
Le #revenuuniversel est « une aide à l'emploi, à l'entrepreneuriat » selon @jlBennahmias https://t.co/D6J2VMMUWH #entrepreneurs v @LesEchos
— Team Bennahmias (@Teambennahmias) 11 janvier 2017
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