Meurtres à la kalachnikov: Karl Rose condamné à perpétuité
Karl Rose, un jeune homme de 23 ans à l'enfance chaotique et passionné d'armes à feu, a été condamné jeudi par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 22 ans, pour le meurtre à la kalachnikov de trois personnes et pour en avoir blessé une quatrième à Istres en 2013.
Karl Rose est resté impassible à l'annonce du verdict. La cour a retenu "l'existence d'un trouble psychique ayant altéré" le discernement de l'accusé, âgé de 19 ans à l'époque des faits, mais a décidé qu'"il n'y avait pas lieu d'appliquer" la réduction de peine prévue dans ce cas.
Cette possibilité offerte par la loi de condamner un accusé, malgré une altération du discernement, à la peine maximale correspond en tous points aux réquisitions faites mercredi par l'avocat général Olivier Couvignou.
"Pour acquise qu'elle serait, cette altération, j'ai du mal à lui accorder l'importance qu'on voudra lui donner", avait-il expliqué. "Une peine inférieure, même de 30 ans, serait une roulette russe infligée à la société", au vu de la "dangerosité maximale" de l'accusé, avait-il poursuivi. Le collège d'experts psychiatre avait conclu à une atteinte "des capacités de perception et d'interprétation de la réalité" chez l'accusé.
"Les jurés ont été impressionnés par la multitude et l'horreur des crimes qui parfois écrasent tout", a réagi devant les journalistes Me Thierry Ospital, l'un des avocats de Karl Rose, qui avaient demandé dans leurs plaidoiries de prendre en compte l'altération. "C'est un malade mental, Karl Rose, de grande envergure ! Pour faire ce qu'il a fait, il faut être sérieusement atteint", avait plaidé Yannick Le Landais.
"Pour nous, ce n'était pas de la haine. On a demandé justice. Aujourd'hui, justice a été rendue", a réagi Eric Shorjian, le frère de l'une des victimes, estimant que les familles allaient désormais devoir "se reconstruire".
Le 25 avril 2013 en début d'après-midi, après une dispute avec son père, Karl Rose était allé déterrer une kalachnikov qu'il avait achetée sur internet et remise en état alors qu'elle était neutralisée. Il avait ensuite déambulé dans les rues d'Istres et tiré au hasard sur ses victimes.
Le jeune homme qui vivait reclu dans sa chambre et assouvissait sa passion des armes et de la violence sur internet, avait abattu Patrice Martinez et Serge Shorjian, alors qu'ils bricolaient devant chez eux. Puis il avait blessé Louisa Aissa-Olivieri dans sa voiture, avant d'abattre un autre automobiliste, Pierre Tanneux.
- 'J'ai pété un câble' -
Après avoir rechargé son arme, il l'avait jetée dans un fourré, près de l'Etang-de-Berre, et fait signe à une patrouille de police pour se rendre, déclarant : "C'est moi, j'ai pété un câble".
Lors de sa dernière prise de parole devant la cour, Karl Rose, qui a oscillé durant l'audience entre les larmes lorsqu'il se dit "désolé" auprès des proches des victimes, et l'arrogance lorsqu'il se vante de ses talents de tireur, a estimé qu'il serait "normal" qu'il soit condamné à la perpétuité.
"Je ne peux pas vous promettre de devenir quelqu'un de bien dans les prochaines décennies, mais je vais essayer", a-t-il poursuivi. "Toutes les armes, toute la violence, je vais essayer de les chasser de ma tête, avec difficulté", a-t-il déclaré, debout, le dos voûté.
"J'ai grandi dans le rejet", a-t-il ajouté. Dès le début de l'audience, il avait expliqué son passage à l'acte par la "haine des adultes" en raison des "séquestrations" que lui avait infligées sa mère et des "saloperies" commises par son père.
Pendant les huit jours d'audience, la cour s'est longuement penchée sur la personnalité de l'accusé, un garçon mal dans sa peau depuis l'enfance entre "une mère étouffante" et "un père abandonnique", selon les mots de son avocat Me André Floiras.
Sans ami si ce n'est une relation en ligne avec un jeune Parisien de cinq ans son aîné, longtemps moqué pour son surpoids, il avait été l'objet d'une mesure d'assistance éducative plus jeune mais avait alors refusé tout soin psychologique.
Karl Rose dispose de dix jours pour faire appel de sa condamnation.