Fillon essuie des critiques de la part des parlementaires LR
Quatre jours après son investiture comme candidat de la droite à la présidentielle, François Fillon a essuyé mercredi un feu nourri de critiques de parlementaires LR, inquiets de la percée d'Emmanuel Macron, sur l'organisation de sa campagne et son programme trop "radical".
Initialement, il s'agissait de parler non cumul des mandats lors d'une réunion au QG de campagne. Ce thème avait fait monter au créneau les sarkozystes la semaine dernière.
Mais face à leur candidat, certains parlementaires ont relayé les critiques qui bruissent dans les couloirs de l'Assemblée notamment.
"Il faut que dans ton programme, tu mettes plus d'espoir. Là, ça ressemble trop à une purge", lui a lancé le député Damien Meslot (Territoire de Belfort), lui demandant de faire "attention aux collectivités locales", à "la Sécurité sociale" et à "l'assurance chômage".
Depuis l'entre deux tours de la primaire, le volet Sécu du programme de François Fillon a été fortement critiqué. Il a lancé cette semaine une phase de consultations sur le sujet, sous la houlette d?Éric Woerth qui pilote aussi le projet.
Deux élus l'ont aussi mis en garde contre la "dynamique" d'Emmanuel Macron, également candidat à la présidentielle. "La dynamique Macron, c'est une réalité", a affirmé Christophe Béchu, sénateur de Maine-et-Loire.
"Attention, toute la jeunesse part chez Macron", a également averti Jacques-Alain Bennisti, député du Val-de-Marne.
L'organisation a été un motif supplémentaire de critiques.
"Pas organisé", "confus"... Et certains porte-parole se plaignent de ne pas avoir les éléments à répéter et expliquer dans les médias.
"Il faut que tu nous donnes du plaisir et de l'émotion", lui a dit Bernard Reynes (Bouches-d-Rhône). "Or, on t'écrit, tu réponds pas. On demande à te voir, on ne te voit pas. Il n'y a pas d'envie, pas de plaisir", a-t-il ajouté.
"Il est très secret", expliquait récemment un député à l'AFP.
"Si tous ceux qui arrivent désormais sentent qu'ils sont au deuxième rang et pas vraiment dedans, cela ne marchera pas", avait prévenu un élu sarkozyste en décembre.
Sans compter que mardi l'investiture de Nathalie Kosciusko-Morizet dans la circonscription parisienne de Fillon a fait grincer quelques dents.
- Sentiment de mépris -
"Tous ceux qui ne sont pas des fillonistes de la première heure se sentent un peu méprisés", relatait récemment un conseiller.
L'ancien patron de l'UMP Jean-François Copé a insisté de son côté sur le fait qu'il fallait "être totalement rassemblé derrière Fillon pour gagner".
Devant une centaine de personnes, François Fillon a bien insisté sur le fait que c'était à lui de "faire les efforts nécessaires pour rassembler tout le monde".
"La seule question fondamentale est: redresser le pays", a martelé le député de Paris, considérant que "si on veut mettre du miel partout, des douceurs, on échouera", selon des propos rapportés par des députés présents.
Depuis sa victoire à la primaire fin novembre, le candidat explique qu'il ne changera pas son programme, voulant éviter qu'on lui reproche de tergiverser.
"Il faut être à l'offensive" et "ne pas s'occuper des sondages. Je suis payé pour le savoir (...) Les sondages, ça m'en touche une sans faire bouger l'autre, comme disait Chirac!" a lancé celui qui a créé la surprise en s'imposant face à Nicolas Sarkozy et Alain Juppé.
Depuis, il concentre toutes les attaques de la gauche et du FN.
Appelant ses troupes à "s'engager à fond" dans la campagne, François Fillon a expliqué qu'il fallait "répondre à la crise de confiance qui traverse le pays, qui explique Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, ce dernier pouvant être le troisième homme de l'élection".