Emmanuel Macron accuse le Front national d'avoir tenté de perturber son meeting à Toulon
PRESIDENTIELLE 2017 - En meeting à Toulon où ses partisans ont été bousculés par des manifestants venus dénoncer ses propos sur la colonisation, Emmanuel Macron a accusé ce samedi 18 février le Front national d'avoir tenté de l'empêcher de tenir sa réunion publique, se posant en défenseur de la démocratie face à l'extrême droite et à une "droite dure".
"Merci d'être là à Toulon. Vous êtes des courageux parce que vous êtes venus jusqu'ici alors que, à l'entrée de cette salle, il y en avait qui ne voulaient pas vous laisser entrer", a lancé dès sa prise de parole le candidat En Marche!. Tout en appelant ses 1200 sympathisants (2000 étaient initialement attendus) à ne pas siffler, Emmanuel Macron a affirmé que cette épreuve "était un test de solidité de notre démocratie. C'est cela ce qui se joue dans cette campagne", accusant le Front national, qu'il avait déjà assimilé aux "ennemis de la République", de se poser en ennemi de la démocratie.
"Vous avez aux portes de cet établissement le Front national, oui, parce qu'il faut appeler ce qui se passe, il faut le nommer, le parti Front national jouant sur les haines, les peurs, les émotions, qui a empêché des centaines d'entre vous de rentrer, qui en a bousculé d'autres, y compris des journalistes, qui se retrouvent aujourd'hui aux urgences. Parce que le parti du Front national ne veut pas que la démocratie fonctionne, ne veut pas qu'elle avance, que le pays regarde en face ses défis. Il veut le confiner dans ses peurs", a-t-il dénoncé.
Très attaqué par le camp Fillon sur la question de la colonisation, Emmanuel Macron a également critiqué "une droite dure qui, elle dans ses rassemblements, fait siffler le camp d'en face, fait siffler les journalistes quand ce qu'ils disent ne leur convient plus, critiquent ouvertement la justice quand elle ne fait plus leur affaire et décident de jouer aussi avec les peurs, les divisions du pays. Pour le pire. Prenant tous les risques, poursuivant comme on l'a vu lors des pires années le FN dans ce qu'il a de plus vil".
"Macron trahison"
Environ 150 personnes ont manifesté samedi après-midi aux abords du meeting d'Emmanuel Macron à Toulon pour protester contre ses propos sur la colonisation, à l'appel notamment du Front national et d'associations de pieds-noirs, a constaté un journaliste de l'AFP. Houleux, le rassemblement, émaillé de coups de sifflet, s'est tenu aux cris de "Macron, trahison!", alors que la police repoussait les manifestants derrière une grande grille d'accès au Zénith de Toulon.
Colonisation "crime contre l'humanité": environ 200 personnes réunies devant le meeting de Macron aux cris de "Macron trahison" pic.twitter.com/sQPt1QflqG
— Marc Préel (@marcpreel) 18 février 2017
Des bousculades épisodiques se sont produites, quand certains d'entre eux ont tenté de forcer l'accès, à bonne distance de la salle du meeting.
La police a du mal à contenir les opposants à Macron à l'entrée du meeting, bcp d'élus et de militants FN du Var ds le lot @LePoint #Toulon pic.twitter.com/hPHMPH4Mwz
— Charlotte Chaffanjon (@CChaffanjon) 18 février 2017
Tenant des drapeaux français frappés en leur centre des pieds-noirs symboliques des rapatriés d'Algérie, les manifestants ont entonné La Marseillaise ou Le Chant des Africains, chant de l'armée d'Afrique durant la Seconde Guerre mondiale, repris comme un chant pied-noir. Benjamin Griveaux, le porte-parole du mouvement En Marche!, a accusé le FN sur Twitter d'essayer "d'empêcher le meeting" de M. Macron, déplorant que des responsables FN nationaux comme Florian Philippot ou David Rachline soient "très silencieux".
.@FN_officiel vient de charger la police pour empêcher meeting de @EmmanuelMacron à Toulon. @david_rachline et @f_philippot très silencieux!
— Griveaux Benjamin (@BGriveaux) 18 février 2017
.@david_rachline Le @FN_officiel organise une manifestation non-autorisée par le préfet...belle conception de l'état de droit ! #EnMarche pic.twitter.com/y9jRWTUSs0
— Griveaux Benjamin (@BGriveaux) 18 février 2017
Pourtant prompt à prendre la défense de la police, Florian Philippot n'a pas relevé, se contentant d'ironiser:
Macron pleurniche parce que ses propos de haine contre la France déclenchent partout l'émoi, bien au delà du FN ! Fallait réfléchir avant.
— Florian Philippot (@f_philippot) 18 février 2017
#Macron paye à #Toulon ses déclarations irresponsables. Quand on insulte les Français, il ne faut pas s'étonner du retour de bâton !
— Stéphane Ravier (@Stephane_Ravier) 18 février 2017
Lors de son passage à Carpentras (Vaucluse) vendredi, le candidat avait déjà été interpellé par une trentaine de manifestants, dont certains venus avec notamment une banderole affichant le sigle "OAS", du nom de "l'Organisation armée secrète", groupe paramilitaire qui s'était violemment opposé aux accords d'Evian en 1962.
"Je vous ai compris"
Dans son discours, Emmanuel Macron est longuement revenu sur la polémique autour de ses propos sur la colonisation. S'il a de nouveau refusé de "revenir" sur ses propos ou de s'"excuser", mais il s'est dit "désolé" d'avoir "blessé" certains. Et au lieu de "crime contre l'humanité", il a cette fois parlé de "crime contre l'humain".
Au terme d'une longue tirade de justification où il a été plusieurs fois acclamé, Emmanuel Macron a paraphrasé le général de Gaulle à Alger en 1958 pour s'adresser aux pieds-noirs et aux anciens combattants." Je le dis aujourd'hui, à chacun et chacune dans vos conditions, dans vos histoires, dans vos traumatismes, parce que je veux être président, je vous ai compris et je vous aime", a-t-il dit. "On doit le regarder en face ce passé colonial, et oui c'est un passé dans lequel il y a des crimes contre l'humain", a-t-il affirmé.
Selon un sondage Ifop publié samedi, les Français sont très partagés sur sa déclaration sur la colonisation "crime contre l'humanité": 51% l'approuvent et 49% ne sont pas d'accord.
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