Jean-Luc Mélenchon détaille son programme à 273 milliards sur YouTube
PRESIDENTIELLE 2017 - Hausse des salaires, relance par l'investissement, création de plus de 3 millions d'emplois en un quinquennat... Au moment où le Parti socialiste lui met la pression pour le contraindre à négocier un accord en vue de 2017, Jean-Luc Mélenchon a consacré plusieurs heures à détailler le financement de son programme "L'Avenir en commun" à l'occasion d'une émission spéciale diffusée sur sa chaîne YouTube.
Dans ce format inédit en dehors de toute contradiction journalistique, les rares intervenants extérieurs étant relégués en fin d'émission, mais appuyé sur de nombreuses infographies partagées sur les réseaux sociaux, le candidat de la France insoumise, entouré de son équipe de campagne, a longuement expliqué et défendu un projet dont le coût est estimé par ses soins à 173 milliards d'euros de nouvelles dépenses publiques sur les cinq prochaines années, accompagné d'un plan d'investissement de 100 milliards d'euros, financé par l'emprunt, dès le début du quinquennat.
Ces 100 milliards iront prioritairement à "l'urgence sociale" (18 seront consacrés au logement public) et à la transition écologique avec 25 milliards dédiés à l'énergie renouvelable.
190 MDS de recettes pour 173 MDS de dépenses. Notre programme rapporte plus qu'il ne coûte. #JLMChiffrage #Programme pic.twitter.com/ndE0ryL2U9
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 19 février 2017
A en croire l'eurodéputé, ce programme de redistribution et de relance keynésienne serait largement auto-financé (sans compter le plan de relance) puisqu'il permettrait de dégager jusqu'à 190 milliards de recettes. Soit suffisamment pour amortir les dépenses supplémentaires, réduire le déficit et rembourser une partie de la dette.
Financement par une dette... appelée à reculer
Dans un premier temps, le programme sera toutefois "financé par de la dette", a convenu l'économiste mélenchoniste Jacques Généreux en promettant une "gestion rigoureuse". Le cercle vertueux que Jean-Luc Mélenchon espère ainsi enclencher, sous réserve que tout se passe comme prévu, doit même permettre, à terme, de réduire le poids de la dette en France. Selon les calculs des économistes de la France insoumise, Liem Hoang Ngoc et Jacques Généreux, la dette publique pourrait ainsi passer à 87% du PIB à l'horizon 2022, soit 11 points de moins que sous le quinquennat de François Hollande, aidé de surcroît par le retour de l'inflation.
L'application de notre programme permettra de réduire la dette publique. #JLMChiffrage https://t.co/FBzTZCidHI pic.twitter.com/x6tBDBPwHs
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 19 février 2017
Effet vertueux de cette politique économique, le déficit public (Etat, protection sociale et collectivités territoriales) serait réduit de 3,3% en 2016 à 2,5% du PIB à la fin du quinquennat. Mais ela passerait pas une dérogeant, temporaire donc, à la règle européenne des 3% en 2018, où il se creuserait à 4,8%.
L'équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon n'a pas précisé à quel taux elle comptait emprunter les milliards nécessaires ni si son scénario de financement tenait compte d'une éventuelle sortie de l'euro, prévue dans le cadre du "Plan B".
Vers une croissance à 2% chaque année
Parmi les principaux postes de dépense publique, un effort inédit dans la lutte contre la pauvreté (33 milliards d'euros, dont un plan de création de 38.000 places en hébergement d'urgence) avec notamment une revalorisation des minima sociaux et des petites retraites, l'âge de départ étant ramené à 60 ans et 40 annuités pour tout le monde (32 milliards).
Associées à l'augmentation générale des petits salaires, avec une revalorisation immédiate de 15% du Smic et celle du point d'indice des fonctionnaires gelé entre 2010 et 2016 (22 milliards), ces mesures sont censées permettre un choc de croissance qui relancerait l'activité et viendrait remplir les caisses de l'Etat et de la Sécurité sociale.
L'équipe du candidat mise sur une croissance de 2% par an sur toute la durée du quinquennat, un scénario très optimiste mais qui doper la création d'emplois.
Le bénéfice de la seule relance de 100 milliards est estimé à 55 milliards mais serait accompagné de nouveaux prélèvements obligatoires (à commencer par une hausse de 0,6% des cotisations chômage et des retraites élevées). Les 40 milliards du CICE et du Pacte de responsabilité, votés sous les quinquennat de François Hollande, seront réorientés pour partie vers le financement des retraites, le solde étant réservé au soutien aux PME et PTE dans le cadre d'un fonds de soutien inter-entreprises.
Objectif affiché par le candidat de la France insoumise: la création de plus de 3 millions d'emplois sous le quinquennat (soit proche du plein-emploi), dont 2 dans le secteur privé et plusieurs centaines de milliers dans le secteur public. Innovation: pour endiguer le chômage de longue durée et ramener les chômeurs dans l'emploi, Jean-Luc Mélenchon proposera la création d'emplois coopératifs, financés par l'Etat, sur le modèle de l'expérimentation "Zéro chômeur" menée par l'ONG ATD Quart Monde.
Notre programme permettra de créer plus de 2 millions d'emplois dans le secteur marchand. #JLMChiffrage https://t.co/FBzTZCzP6i pic.twitter.com/pAIqbVr4Ju
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 19 février 2017
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