Deux sénatrices dénoncent l'échec cuisant de la politique de déradicalisation en France (VIDEO)
Esther Benbassa sénatrice (EELV) du Val-de-Marne et Catherine Troendlé, sénatrice (LR) du Haut-Rhin ont effectué une enquête intitulée «Désendoctrinement, désembrigadement et réinsertion des djihadistes en France et en Europe».
Reçues dans de nombreux médias, le constat qu'elles livrent est alarmant : les politiques publiques nationales menées depuis trois ans ont tous simplement échoué. En cause, des programmes insuffisamment mis en oeuvre, mais aussi un processus de radicalisation qui, passé un certain stade, devient irréversible.
«On ne peut pas se contenter de construire des contre-discours pour les sortir de leur islam radicalisé et politisé. Ils n'y adhèrent pas», affirme Esther Benbassa au Huffington Post.
Au cours de leur enquête, Esther Benbassa et Catherine Troendlé ont scrupuleusement analysé les dispositifs mis en place pour lutter contre l'endoctrinement et les problèmes qu'ils suscitent : des unités dédiées en milieu carcéral, au séjours volontaires dans des centres spécialisées, choix des intervenants et manque de dialogue institutionnel.
«On a voulu agir vite. Ainsi, les autorités dirigeantes n'ont pas pu s'entourer de personnes qualifiées. La précipitation a été mauvaise conseillère [...] Il aurait fallu très vite créer des conseils actifs avec les familles, des imams, des psychologues, des psychiatres, des policiers... pour voir comment aborder le sujet, y compris en amont. Car s'il n'y a pas de prévention, il n'y aura pas de résultats», a ajouté Esther Benbassa au Huffington Post.
Elles considèrent par exemple que les programmes mis en place sont «inutiles pour les djihadistes radicaux de conviction». Et de dénoncer notamment des associations «en quête de financement» qui ne se rendent pas compte à quel point il s'agit là d'une «problématique difficile».
Le centre de déradicalisation de Pontourny, un exemple criant
Catherine Troendlé cite en exemple le centre centre de déradicalisation de Pontourny à Beaumont-en-Véron, ouvert en juillet 2016 et qui devait accueillir 25 pensionnaires «volontaires» censés être en voie de déradicalisation. Le 9 février le dernier d'entre eux a quitté le centre.
Pourtant, même vide, Pontourny devrait à priori continuer à fonctionner. Fin janvier, Bruno Le Roux ne voulait pas entendre parler de sa fermeture, jugeant qu'il fallait «encore continuer à travailler». «Je veux que nous tirions les enseignements de ce qui s'est passé pendant ces premiers mois pour évaluer, apporter des corrections et faire en sorte que ce centre puisse mieux fonctionner», avait-il déclaré.
Le surlendemain, le matin du 11 février, une centaine de manifestants s'étaient rassemblé pour réclamer la fermeture définitive du centre.