François Bayrou, sauveur du soldat Macron
C'est un nouveau coup de théâtre dans une campagne présidentielle qui ne cesse de donner le tournis. Jamais sans doute n'a-t-on vu sous la cinquième république un candidat potentiel et attendu, renoncer à deux mois du scrutin en proposant une alliance, et même une entente, à un autre candidat. François Bayrou n'a d'ailleurs pas caché combien il lui en coûtait, lui dont "la pente et le goût" poussaient à une quatrième bataille présidentielle. Pour expliquer ce renoncement, il a dramatisé à l'extrême la situation: Jamais en 50 ans, a-t-il dit, la France n'a été autant en danger, les Français aussi désespérés, l'Europe à ce point menacée, le risque d'une flambée de l'extrême droite aussi réel.
S'il a évoqué l'échec de François Hollande, c'est sur la droite et François Fillon qu'il a lâché ses coups, insistant sur les affaires qui soulèvent "d'immenses problèmes moraux" et s'indignant des "arguments infamants" utilisés par certains pour en atténuer la portée.
François Bayrou a habillé son offre inédite d'alliance – "geste d'abnégation et d'espoir" a-t-il souligné – de plusieurs exigences qui ne paraissent pas insurmontables: une véritable alternance, une loi de moralisation de la vie publique, et une dose de proportionnelle à l'Assemblée...
François Bayrou a toujours cru en son destin. Simone Veil s'est moqué il y a déjà longtemps du Béarnais intimement convaincu que le doigt de dieu s'était posé sur son front! La légende familiale ne raconte-t-elle pas que ses parents croyaient dur comme fer que leur fils serait un jour président de la République?
Mais le maire de Pau a compris qu'il risquait le combat de trop. Le trop plein de candidats réduisait à une peau de chagrin son espace politique et sa présence pouvait provoquer l'élimination d'Emmanuel Macron au profit de François Fillon. Général d'une armée morte après la dispersion de ses soutiens, il pouvait terminer sous les 5% de voix, avec à la clé la faillite du Modem faute de remboursement des dépenses de campagne.
François Bayrou s'est donc rabattu sur le rôle de faiseur de roi. Il peut aussi faire valoir, et il ne s'en est pas privé avec un rien de grandiloquence, qu'il reste fidèle au combat "de toute sa vie": dépasser les clivages et "ouvrir une nouvelle ère de la politique française".
Ce soutien tombé du ciel sera-t-il décisif ? Rien ne l'assure, mais il vient à point nommé pour un Emmanuel Macron en sérieuse difficulté après ses embardées sur le colonialisme et le mariage pour tous, et sa rétrogradation à la troisième place dans les sondages.
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