"Démenti formel" de Renault sur une triche aux polluants
Renault oppose un "démenti formel" aux soupçons de triche aux tests d'homologation de moteurs énoncés par la Répression des fraudes, a indiqué mercredi à l'AFP le numéro deux du groupe automobile français, Thierry Bolloré.
"Renault ne triche pas (...) Tous les véhicules ont été homologués conformément à la réglementation en vigueur", a déclaré M. Bolloré, directeur délégué à la compétitivité de l'entreprise, lors d'un entretien téléphonique.
"Renault réaffirme que ses véhicules ne sont pas équipés de logiciels truqueurs", a-t-il précisé.
La DGCCRF, dans un rapport dont l'AFP a eu connaissance mercredi, soupçonne que "des stratégies frauduleuses" ont été mises en place depuis plus de 25 ans au sein du groupe au losange pour fausser les tests d'homologation de certains moteurs.
Ce gendarme de Bercy estime que "l'ensemble de la chaîne de direction de la société qui rend compte en dernier ressort à son PDG Carlos Ghosn" est impliquée.
"Aucune délégation de pouvoir n'a été établie par M. Ghosn concernant l'approbation des stratégies de contrôle utilisées pour le fonctionnement des moteurs", relève notamment la Répression des fraudes qui conclut à "la responsabilité" du PDG.
M. Bolloré a également démenti ce point, le qualifiant d'"inexact". "Je voudrais apporter un démenti formel sur les deux points majeurs" révélés mercredi, a-t-il dit.
Selon M. Bolloré, "Renault, comme toutes les sociétés, a des délégations de pouvoir et les a communiquées à la DGCCRF" qui enquête sur les moteurs diesel Euro 5 et Euro 6, homologués à partir de septembre 2009.
Les résultats de tests menés en France dans la foulée du scandale du "dieselgate" déclenché chez Volkswagen en septembre 2015 ont mis en évidence de forts écarts entre les performances de certains moteurs diesel de Renault au moment de leur homologation en laboratoire et leur utilisation en conditions réelles.
"Ces résultats permettent de soupçonner l'installation d'un dispositif frauduleux qui modifie spécifiquement le fonctionnement du moteur, pour en réduire les émissions de NOx (oxydes d'azote, NDLR) dans des conditions spécifiques du test d'homologation, afin que les émissions respectent les limites réglementaires", a conclu la DGCCRF dans son procès-verbal.
Ses conclusions, rendues en novembre, ont largement contribué à l'ouverture de l'information judiciaire le 12 janvier par le parquet de Paris visant Renault pour "tromperie sur les qualités substantielles et les contrôles effectués".