Benoît Hamon rencontre Angela Merkel et reçoit finalement le soutien de Martin Schulz et des socialistes allemands
POLITIQUE - Le candidat socialiste à la présidentielle Benoit Hamon a marqué mardi 28 mars à Berlin sa différence avec Angela Merkel sur les déficits et reçu le soutien du président des sociaux-démocrates allemands, qui avaient paru préférer récemment Emmanuel Macron.
Sa venue dans la capitale allemande lui a permis d'obtenir une clarification de la part du nouveau président du parti social-démocrate Martin Schulz.
Ce dernier a assuré que les socialistes en Europe et le SPD étaient "derrière" Benoît Hamon dans la bataille présidentielle. "Depuis très longtemps je souhaite le succès de Benoît Hamon pour la présidentielle en France", a insisté l'ex-président du Parlement européen, qui a entrepris de déplacer le cap de son mouvement vers la gauche.
Ce soutien avait valeur de mise au point, alors que le SPD allemand a acclamé le nom d'Emmanuel Macron lors d'un congrès le 19 mars, à l'invitation du président sortant du parti Sigmar Gabriel, plus centriste.
"Merci à toi Martin Schulz, merci pour le soutien du SPD. C'est important et précieux pour moi de savoir que nous menons bataille les uns à côté des autres", s'est félicité le candidat, qui avait déjà reçu la semaine dernière le soutien du groupe socialiste au Parlement européen.
Un proche de la délégation française au Parlement a salué une "belle surprise", après ce "message très clair". Toutefois, en privé, certains responsables sociaux-démocrates se montrent plus réservés et soulignent que le socialiste défend un programme beaucoup plus à gauche que celui du SPD.
Schulz a souligné qu'une Europe avec des dirigeants de gauche en Allemagne et en France pourrait "devenir plus sociale, investir plus dans la croissance, dans l'emploi, la formation (...) lutter plus efficacement contre le chômage des jeunes".
Démocratisation de la zone euro
Alors que Benoît Hamon est à la peine dans les sondages, donné désormais en cinquième position, son collègue allemand a fait savoir que ce sujet avait été "logiquement" évoqué.
Mais, a-t-il noté, "je peux vous dire en voyant les résultats de dimanche dernier que les sondages et les résultats électoraux sont de temps en temps différents dans l'une ou l'autre direction", par rapport à ce qui est attendu. Le parti conservateur d'Angela Merkel a largement remporté dimanche une élection régionale test en Sarre, que le SPD estimait pouvoir gagner au vu des sondages.
Le candidat, en déplacement à Berlin pour défendre notamment son idée d'un "arc d'alliance des forces de gauche" susceptible de réorienter la construction européenne, a aussi été reçu par la chancelière conservatrice Angela Merkel, après ses rivaux François Fillon et Emmanuel Macron en début d'année.
Pour les "convergences" le vainqueur de la primaire socialiste a notamment cité la politique de défense et la transition énergétique. Pour Benoît Hamon, l'objectif de la chancelière de renforcer la défense européenne "correspond" à son "objectif de faire face au désengagement américain et de tenir compte de ce que sont les prétentions de la Russie".
Côté désaccords, le candidat a sans surprise cité les politiques budgétaires.
Il s'est félicité quand même que la chancelière n'ait pas "fermé la porte" à la discussion sur son projet de "traité de démocratisation de la zone euro", malgré ses "réserves (...) sur le plan juridique et sur la difficulté politique pour mettre en oeuvre une solution comme celle-là".
Benoît Hamon propose, à la place de l'Eurogroupe, une nouvelle assemblée composée de députés issus des Parlements nationaux et du Parlement européen, qui pourrait décider du budget de la zone euro, mais aussi des politiques d'harmonisation fiscale et sociale, des cibles à adopter dans la réduction des déficits, etc.
Le candidat socialiste, qui a aussi dans le passé salué la politique d'ouverture d'Angela Merkel aux migrants en 2015, a visité mardi un centre de réfugiés à Berlin en se désolant à contrario de l'image de la France sur cette question, liée "au débat identitaire" alimenté à ses yeux par le Front national.
"Tout cela construit depuis dix ans l'image d'une France recroquevillée sur elle-même", a-t-il dit, ce qui est "consternant".
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