3 mesures fiscales de Mélenchon qui feraient tousser le foot français
FOOT - La politique s'intéresse souvent au foot. Pour une fois, cela devrait être l'inverse. Jean-Luc Mélenchon, dont la présence au second tour de l'élection présidentielle est désormais envisageable, a un programme fiscal qui décoiffe pour les gros salaires.
En meeting à Lille le 12 avril, il a rappelé sa promesse de taxer lourdement les mieux lotis, dans le cadre d'un programme qui veut faire passer l'impôts sur le revenu de 5 à 14 tranches d'imposition.
Oui, au-delà de 400 000 euros par an, on va prendre 90%. Combien de monde ça concerne ? 0,05% de la population ! #JLMLille
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 12 avril 2017
Et la proposition fait parler les amateurs de sport. Philousports, un compte Twitter très populaire sur ce créneau, l'a retweeté avec un commentaire éloquent, "RIP la ligue 1", provoquant tellement de réactions négatives qu'il a fini par le supprimer, tout en tentant de se justifier. Selon lui, toute la Ligue 1 en pâtirait.
Vraiment toute? Si la France est bien le seul pays d'Europe à appliquer cette mesure, ce sera assez rapidement vrai. Et pas seulement pour le foot. Le rugby et le handball en pâtiraient aussi.
Avec un salaire moyen de 50.000 euros par mois en Ligue 1, soit 600.000 euros par an hors primes, une majorité de footballeurs du championnat seraient donc concernés. En revanche, les conséquences seraient différentes en fonction des clubs.
- L'AS Monaco deviendrait-il plus compétitif que le PSG?
"Ce serait problématique pour Lyon et Marseille, et un handicap pour Paris. Cela coûterait plus cher au PSG de conserver ses grands joueurs, comme pour attirer de potentiels Ballon d'or", décrypte Vincent Chaudel, expert sport chez Wavestone. Un joueur comme Antoine Griezmann toucherait environ 7 millions par an à l'Atletico Madrid, selon Eurosport.
Le grand gagnant pourrait être l'AS Monaco. Une convention fiscale interdit aux Français de s'y installer pour échapper à l'impôt. En revanche, la principauté resterait un vrai paradis fiscal pour les joueurs étrangers comme Radamel Falcao.
Pour les clubs de bas de tableaux de Ligue 1, le surcoût serait en revanche beaucoup plus modeste. "Ils n'auraient que 3, 4, 5 joueurs concernés, et encore pas dans des proportions dingues", estime Vincent Chaudel.
Un joueur payé 35.000 euros par mois, soit 420.000 par an, serait imposé à 90% sur 20.000 euros, contre 45% aujourd'hui au-delà de 150.000 euros. Le surcoût serait donc de 9000 euros pour le club, ou le joueur.
"Sans faire d'idéologie, on peut se dire pourquoi pas si c'est aussi pratiqué ailleurs", prévient notre expert. Mais ça a très peu de chance de l'être. Et l'extrême mobilité des talents dans le sport entraînerait alors un appauvrissement progressif de la qualité des effectifs, par le biais des départs et l'absence de renouvellement. Les stars de la Ligue 2, ou d'autres disciplines comme le rugby et le handball seraient aussi concernées.
- Interdiction des cotations de clubs et du naming des stades
Autre coup dur au porte-feuille des clubs français, Jean-Luc Mélenchon interdirait la cotation des clubs sportifs. En Ligue 1, l'OL pourrait être obligé racheter ses actions pour se retirer du marché, pour un montant total de 156 millions d'euros, contre un budget de 235 millions pour la saison actuelle.
Le "naming" des stades par des entreprises, comme support publicitaire, serait aussi interdit d'après le programme. Au Mans, la "MMA Arena" rapporte 1,3 million d'euros par an au club. A Nice, le stade a été rebaptisé Allianz Rivera pour 16 millions sur neuf ans. Quant au tout nouveau "Matmut Atlantique", il rapporterait autour de 20 millions sur 10 ans aux Girondins de Bordeaux.
- Payer ses impôts en France pour joueur en Equipe de France
Et ce n'est pas tout. Ainsi, Jean-Luc Mélenchon veut conditionner l'appartenance à l'équipe nationale au fait de payer des impôts en France, même quand les athlètes vivent à l'étranger.
Pour rester sur l'exemple du foot, seuls deux joueurs du onze de départ de l'Equipe de France finaliste de l'Euro 2016 jouaient en France, Blaise Matuidi au PSG et Samuel Umtiti à l'OL. Et encore ce dernier est parti au FC Barcelone depuis.
Combien de joueurs accepteraient demain de payer une surtaxe, qui se compteraient en millions d'euros pour les meilleurs, afin de porter le maillot des Bleus?
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